La surveillance géolocalisée de l’ICE détourne les femmes enceintes des soins médicaux
Smart ?
Aux États-Unis, les femmes enceintes sans-papiers peuvent être obligées de porter des montres connectées spéciales qui les surveillent en permanence. Certains personnels hospitaliers constatent, avec la massification des poursuites, que des patientes ont peur de les enlever lorsqu’une intervention le nécessite.
Dans le Colorado, des femmes enceintes ayant besoin de soins médicaux urgents ont peur quand le personnel médical des urgences veut leur enlever le dispositif de surveillance qui leur est imposé.
Le Guardian raconte qu’en septembre dernier, une femme enceinte de neuf mois est entrée dans les urgences obstétriques d’un hôpital du Colorado munie d’une montre connectée qu’elle ne voulait surtout pas enlever. Les médecins ont diagnostiqué qu’une césarienne était nécessaire pour que l’accouchement se passe le mieux possible. Mais pour faire cette césarienne, ils ont besoin d’utiliser un outil de cautérisation qui nécessite que la patiente enlève tout bijou ou objet métallique.
Une smartwatch très particulière
Le problème était que la montre connectée n’était pas commune. En effet, le Service de l’immigration et des douanes des États-Unis (ICE) avait imposé à cette femme de porter en permanence une montre VeriWatch de l’entreprise Bi Inc.

Celle-ci permet aux autorités de surveiller en permanence la personne qui la porte. Elle a d’autres fonctionnalités comme la vérification que la personne est encore en vie ou la reconnaissance faciale du porteur à des fins de contrôle.
Elle ne peut pas être retirée facilement mais elle n’est pas accompagnée non plus d’information concernant la sécurité de son port lors d’intervention médicale comme celle évoquée plus haut. De plus, l’ICE ne fournit aux hôpitaux états-uniens aucune information pour la contacter pour savoir quoi faire. Lorsque le personnel hospitalier a expliqué à la femme enceinte qu’il allait sans doute falloir couper le bracelet, elle a paniqué.
En arrivant à l’hôpital, elle avait aussi peur car la batterie était faible. Elle avait besoin de la recharger pour ne pas que les services d’immigration croient qu’elle essayait de se cacher. La notice de la montre, sur le site du fabricant [PDF], indique que la batterie a une durée de vie de 16 heures, avec une possibilité d’aller jusqu’à 32 heures si on utilise la batterie externe adaptée.
Finalement, selon le Guardian, la montre a été enlevée et la femme est repartie avec son bébé sans que l’ICE ne vienne à l’hôpital. Mais le personnel signale que c’est la troisième femme enceinte qui arrive avec ce dispositif de surveillance en quelques mois.
La massification de programmes « plus humains » que l’incarcération
De fait, le système carcéral du pays est saturé depuis longtemps et ce dispositif de surveillance n’est pas nouveau aux États-Unis. En effet, depuis 2004, comme l’explique le média Jezebel, un programme d’ « alternatives à la détention » existe, option « plus humaine » pour les personnes menacées d’expulsion considérées comme « à moindre risque ».
Pour la plupart, l’alternative consiste à mettre en place un bracelet électronique, comme cela existe en France. Depuis 2009, l’ICE n’utilise plus ce genre de bracelet pour les femmes enceintes à cause d’un taux de complication élevé et a penché pour ces montres connectées en 2023.
Mais, depuis son retour la tête des États-Unis, Donald Trump a intensifié la politique de traque massive de personnes étrangères qui ne peuvent pas prouver leur droit d’y résider, et se prépare à muscler encore le budget de l’ICE. Cette politique augmente mécaniquement le nombre de personnes concernées par les dispositifs de coercition mis en place par le système judiciaire étasunien.
Et, même si le taux de complication est moins élevé avec les montres qu’avec les bracelets, leur usage massif se double d’une absence d’information en cas de problème et de la peur des personnes concernées, qui amènent les personnels hospitaliers à constater des problèmes.
« Elle était en larmes à ce sujet. Elle avait cette peur profonde que l’ICE vienne à l’hôpital et lui enlève son bébé », explique l’un d’entre eux au Guardian, en parlant de la femme enceinte en question.















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