Piratage : l’Arcom estime à 1,5 milliard d’euros le manque à gagner pour les contenus audiovisuels
IPTV and (don't) chill
L’autorité de régulation a publié un dossier sur la consommation des contenus culturels et sportifs dématérialisés. Elle y estime le manque à gagner lié à la consommation illicite de contenus audiovisuels à 1,5 milliard d’euros et rapporte les résultats des sondages commandés à l’IFOP.
Alors que le monde de l’audiovisuel en ligne bouge rapidement, l’Arcom a voulu mettre à jour les données sur la consommation illicite de ces contenus sur internet en y faisant un focus sur les « contenus sportifs dématérialisés ». Ce dernier coïncide avec l’offensive judiciaire récente des ayants droits comme Canal+ pour bloquer plus efficacement les sites qui diffusent le streaming de retransmission dont ils n’ont pas les droits.
L’autorité a donc commandé trois sondages (deux à l’IFOP et un à Médiamétrie) et a publié ensuite ses différentes analyses des données collectées.
91 % des internautes consomment des contenus culturel ou sportif dématérialisés
Le premier document [pdf] est un « Baromètre de la consommation des contenus culturels et sportifs dématérialisés ». Elle en constate une hausse générale de la consommation de contenus culturels et sportifs. En effet, « 91 % des internautes ont consommé un contenu culturel ou sportif dématérialisé en 2024, soit 48 millions d’individus ». L’année dernière, ce taux était de 87 %.
Et cette hausse profiterait à l’offre légale, avec 67 % des internautes ayant consommé des contenus culturels et sportifs dématérialisés de façon uniquement légale en 2024, en hausse de 3 points par rapport à 2023.
Le panier moyen mensuel payant, actuellement à 32 euros, serait en baisse de 2 euros par rapport à l’année dernière, après une progression de 5 euros en 2023.
C’est l’argument de la qualité du contenu qui semble faire basculer les internautes vers des offres légales : « 41 % des internautes déclarant consommer davantage de façon légale le font pour accéder à un contenu de meilleure qualité ».
Une estimation de 1,5 milliard d’euros de manque à gagner
Dans un deuxième document [PDF], l’Arcom analyse les secteurs audiovisuels et sportifs affectés par les usages illicites pour comprendre les tendances observées au sein de leurs écosystèmes, en s’appuyant sur ses propres données et celles de Médiamétrie.
Elle y détaille la « chaine de valeur de l’audiovisuel » dans le graphique ci-dessous, ce qui permet de comprendre un peu mieux qui sont les différents acteurs et « ayants droit » du secteur :
L’Arcom y constate que le marché de cette industrie (incluant les événements physiques et les ventes en ligne) a progressé encore de 5 % en 2023, atteignant les 11, 8 milliards d’euros.
Dans ce document, l’Arcom aborde le manque à gagner de cette industrie qui serait dû au piratage. Elle l’estime à 1,5 milliard d’euros, dont 300 millions pour le secteur sportif.
Souvent, les ayants droits font cette estimation en utilisant une corrélation rapide entre le nombre de contenus piratés et le chiffre d’affaires qu’ils auraient pu tirer de leur consommation payante. Ici, l’Arcom, en s’appuyant sur un sondage de Médiamétrie, a mis en place une analyse plus fine.
L’entreprise de sondage a demandé à des internautes déclarant consommer des contenus illicites ce qu’ils auraient fait s’ils n’y avaient pas eu accès (sans oublier les réponses « je ne sais pas » et « je ne l’aurais pas consommé »). Et elle a calculé ce manque à gagner après avoir rassemblé les valeurs moyennes des contenus. Elle en déduit qu’au moins 70 % des utilisateurs de contenus pirates se seraient reportés vers des offres légales :
11 % de consommateurs d’IPTV illicites
Enfin, dans un troisième document [PDF], l’Arcom s’intéresse à l’utilisation de l’IPTV comme solution de « consommation audiovisuelle illicite » via un sondage commandé à l’IFOP. 11 % des internautes français de 15 ans et plus utiliseraient l’IPTV de façon illicite, ce qui représenterait 62 % des utilisateurs de l’IPTV.
L’IPTV reste une pratique de bricolage avec des utilisations assez mixtes pour y trouver le flux qui intéresse l’internaute. En effet, 75 % des utilisateurs y accèdent de plusieurs façons et 38 % utilisent les trois manières d’y accéder proposées (à savoir un logiciel, un boitier ou une clé, ou des liens) :