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Intel prévoit de tailler 15 % de ses effectifs et annule ses investissements en Europe

Real men have fabs (until they don't)
Intel prévoit de tailler 15 % de ses effectifs et annule ses investissements en Europe

Lip-Bu Tan, CEO d’Intel, a précisé jeudi les contours du plan de restructuration lancé par l’entreprise. Il prévoit une nouvelle vague de départ concernant environ 15 % des salariés du groupe d’ici la fin de l’année, ce qui devrait porter les effectifs globaux à 75 000 personnes, contre 101 000 fin juin. Il annonce dans le même temps l’abandon des projets d’usine en Allemagne et en Pologne.

Les deux pieds sur la pédale de frein, mais des efforts qui vont « dans la bonne direction ». Lip-Bu Tan, patron d’Intel, a réaffirmé jeudi la nécessité de restructurer en profondeur l’ex-numéro un mondial des semi-conducteurs.

Dans la foulée des messages qu’il martèle depuis son entrée en fonctions, en mars dernier, il a livré jeudi 24 juillet un objectif chiffré : entre les départs déjà programmés, l’attrition naturelle et un nouveau tour de vis portant sur 15 % des équipes du groupe dans le monde, Intel devrait terminer l’année avec un effectif de l’ordre de 75 000 employés.

Nouveau tour de vis sur les effectifs

D’après le CEO, Intel a déjà réussi, au cours du deuxième trimestre, à réduire d’environ 50 % le « nombre de niveaux hiérarchiques » au sein de l’entreprise. « Nous sommes également en bonne voie pour mettre en œuvre notre politique de retour au bureau en septembre, les sites ayant finalisé les améliorations nécessaires pour fonctionner à pleine capacité », précise Lip-Bu Tan dans un message adressé aux collaborateurs et publié sur le site du groupe :

« Tout cela vise à optimiser l’efficacité organisationnelle et à transformer notre culture. Nous deviendrons une entreprise plus rapide, plus agile et plus dynamique. Nous éliminerons la bureaucratie et donnerons aux ingénieurs les moyens d’innover plus rapidement et plus efficacement. Nous réduirons également nos coûts pour investir dans la croissance future. Ce sont les fondements d’un nouvel Intel ; nous avons franchi des étapes importantes dans la bonne direction au deuxième trimestre. »

Ces investissements « dans la croissance future » connaissent pour l’instant un coup de rabot significatif : Lip-Bu Tan annonce en effet l’abandon des projets de création d’usine engagés par Intel en Allemagne et en Pologne.

Abandon des créations d’usine en Europe

Outre-Rhin, Intel prévoyait pour mémoire de construire deux usines à Magdebourg, dans le land de Saxe-Anhalt. L’enveloppe globale du projet, rendu public en 2023, était de l’ordre de 30 milliards d’euros, dont un tiers environ devait être apporté par l’État allemand sous forme de subventions.

En Pologne, il était question de créer « une installation d’assemblage et de test » proche de Wrocław, au prix d’un investissement chiffré, là encore en 2023, à 4,6 milliards d’euros.

Les deux sites étaient déjà sur la sellette : le précédent CEO d’Intel, Pat Gelsinger, avait en effet annoncé un décalage d’au moins deux ans à l’occasion d’une première vague de restructuration centrée sur l’activité de production de semi-conducteurs du groupe, Intel Foundry.

Son successeur, Lip-Bu Tan, signe leur deuil. Il annonce dans le même temps que même si Intel ne quitte pas le pays, ses activités au Costa Rica seront « consolidées » avec les sites industriels de capacité supérieure dont dispose le groupe au Vietnam et en Malaisie.

En ces temps marqués par la politique de Donald Trump, le CEO d’Intel prend soin de préciser que le groupe reste pleinement engagé dans sa politique d’investissement aux États-Unis. Mais il révèle là encore une mesure de rationalisation, avec un rythme revu à la baisse pour les deux usines que le groupe s’était engagé à construire dans l’Ohio, au prix d’un investissement de 20 milliards de dollars. Là aussi, la nouvelle était attendue : Intel avait déjà laissé entendre en mars dernier que le projet aurait du retard.

Intel 14A en ligne de mire

Ces éléments de restructuration n’auraient pas d’impact sur la feuille de route d’Intel côté fonderie. La priorité numéro un du groupe serait à ce niveau d’atteindre un rythme de croisière sur la production de puces faisant appel au procédé Intel 18A, à commencer par les processeurs Panther Lake programmés pour la deuxième moitié de l’année. Intel se dit à ce niveau confiant dans sa capacité à vendre le procédé à des constructeurs tiers.

Le futur se veut quant à lui incarné par le procédé Intel 14A, annoncé début 2024 et réaffirmé depuis comme le nœud grâce auquel le fondeur va rattraper son retard sur la concurrence taïwanaise, incarnée par TSMC, et donc potentiellement retrouver une posture de leader technologique sur le marché.

Les puces Intel 14A seront les premières à profiter d’une gravure EUV High-NA

x86 et IA comme chevaux de bataille

Sur le volet produits, pas de grande surprise : Lip-Bu Tan place ses espoirs sur le lancement commercial de Panther Lake et promet que son successeur, Nova Lake, attendu pour fin 2026, sera de nature à « combler les lacunes dans le desktop haut de gamme ». Côté datacenter, il annonce le retour prochain de l’hyperthreading (simultaneous multi-threading, ou SMT), dont l’abandon aurait finalement constitué un handicap sur le plan concurrentiel.

Le CEO s’engage personnellement sur la validation des futurs produits : « J’ai demandé à nos équipes de définir des gammes de produits de nouvelle génération avec des architectures claires et simples, de meilleures structures de coûts et des gammes produit simplifiées. De plus, j’ai instauré une politique selon laquelle chaque conception de puce majeure est examinée et approuvée par mes soins avant sa commercialisation ».

Impossible enfin de ne pas aborder l’IA, alors que les analystes financiers répètent à l’envi que c’est en raison d’un virage mal anticipé qu’Intel connait actuellement des difficultés face à des concurrents comme AMD ou NVIDIA. Le CEO ne donne ici aucun détail spécifique, mais avance l’idée d’une stratégie cohérente entre design des puces, produits finaux et couche logicielle, en opposition avec une logique précédente présentée comme centrée sur le design des puces.

« Dans le cadre de cette transition, nous concentrerons nos efforts sur les domaines où nous pouvons révolutionner et nous différencier, comme l’inférence et l’IA agentique. Nous commencerons par les charges de travail d’IA émergentes, puis nous travaillerons à rebours pour concevoir des logiciels, des systèmes et des circuits intégrés qui offrent les meilleurs résultats pour nos clients », esquisse Lip-Bu Tan.

Ces annonces intervenaient en parallèle de la publication des résultats financiers d’Intel pour le deuxième trimestre 2025. L’entreprise a fait état d’un chiffre d’affaires de 12,9 milliards de dollars, stable sur un an mais assorti de pertes nettes de l’ordre de 2,9 milliards de dollars, imputables en partie au plan de restructuration en cours.

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☕️ Le nouveau Conseil national de l’intelligence artificielle et du numérique est installé

Au numérique s’ajoute désormais officiellement l’intelligence artificielle : Clara Chappaz a procédé mercredi soir à l’installation officielle du « Conseil national de l’intelligence artificielle et du numérique », l’instance indépendante qui a vocation à éclairer les décisions du gouvernement sur ses domaines de prédilection.

Ce nouveau Conseil, dit CIAN, annoncé en juin dernier (PDF), prend la place du Conseil national du numérique (souvent abrégé en CNNum), créé au printemps 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Dans sa nouvelle configuration, le CIAN, composé de quinze membres et de deux co-présidents, reprend les missions de principe de son prédécesseur avec un périmètre étendu à l’IA, à savoir informer et conseiller le Gouvernement, éclairer le débat public, contribuer à l’élaboration des positions de la France sur ces sujets et formuler « en toute indépendance » des avis et recommandations.

« Que des numéros 10 », s’est réjouie jeudi matin la ministre déléguée chargée de l’IA et du numérique. « Plusieurs enjeux de société au cœur de l’action de mon Ministère pourront nourrir les réflexions et ses travaux dans les mois à venir : usages de l’IA, soutenabilité numérique, souveraineté technologique, protection des enfants en ligne », esquisse-t-elle dans un dossier de présentation (PDF).

La coprésidence du CIAN sera assurée par Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’ENS, et Guillaume Poupard, ex patron de l’ANSSI aujourd’hui directeur général adjoint de Docaposte, tous deux nommés par Bercy.

Ils sont entourés de quinze membres, dont trois personnalités issues d’autres instances, huit profils « qualifiés » issus de la société civile, et quatre élus respectivement désignés par la présidence de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Parmi les personnalités qualifiées figurent notamment Antonin Bergeaud, professeur d’économie à HEC Paris, Marie Cohen-Skalli, codirectrice d’Emmaüs Connect, Etienne Grass, responsable de l’IA chez Capgemini Invent, Guillemette Picard, senior vice-présidente chez Ubisoft, Sébastien Soriano, directeur général de l’IGN (ex-Arcep), ou Serena Villata, directrice de recherche au CNRS.

Deux co-présidents et quinze membres composent le nouveau CIAN

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☕️ Mastodon lance une campagne d’appel aux dons

L’indépendance a un prix (Next en sait quelque chose), s’apprête à rappeler Mastodon à ses utilisateurs. L’équipe vient en effet d’indiquer dans un billet de blog qu’elle lancerait très prochainement une campagne d’appel aux dons sur les deux instances qu’elle opère (mastodon.social et mastodon.online).

« Gérer un serveur, modérer le contenu et développer le logiciel qui alimente ce réseau nécessitent des ressources. Nous souhaitons permettre à ceux qui apprécient Mastodon de faire des dons directement, de « renverser la situation » des entreprises financées par le capitalisme de surveillance et de bénéficier d’un soutien durable, alimenté par de nombreux petits dons. Lorsque les utilisateurs de la plateforme sont ses principaux contributeurs, leur fidélité à la plateforme leur est indéfectible », explique Mastodon.

Le projet Mastodon est déjà principalement financé grâce aux dons de particuliers et au mécénat de certaines entreprises, mais l’équipe n’a jamais, jusqu’ici, orchestré de véritable campagne de sensibilisation auprès de ses utilisateurs, comme sait par exemple le faire l’encyclopédie en ligne Wikipédia.

Pour cette première campagne, Mastodon prévoit d’afficher une bannière au sein des clients iOS et Android, uniquement pour les utilisateurs connectés à un compte créé sur l’une des deux instances mentionnées précédemment depuis au moins quatre semaines. « Pour l’instant, cette fonctionnalité n’apparaîtra que sur nos applications mobiles. Lors d’une prochaine campagne, nous espérons l’étendre également au web. La bannière est distincte du bouton « Faire un don » existant, présent dans les paramètres de l’application pour les utilisateurs de nos instances ».

Outre le recueil de dons, l’objectif affiché est aussi de mesurer les réactions de la communauté face à cette première. « Si cela fonctionne bien, nous souhaiterions rendre cette option de collecte de fonds accessible à toutes les autres instances Mastodon. Cela permettrait aux administrateurs de serveur de bénéficier d’un soutien direct de leurs utilisateurs. Chaque instance pourrait alors choisir d’activer ou non cette fonctionnalité, ce qui lui donnerait un outil supplémentaire pour assurer sa pérennité », envisage encore l’équipe.

Mastodon a pour mémoire engagé, en début d’année, un chantier de refonte de sa gouvernance, qui vise à lui donner les statuts et les moyens nécessaires à la pérennité du projet, mais aussi la capacité à se développer plus rapidement, tout en restant indépendant des logiques économiques basées sur l’attention ou l’exploitation des contenus publiés par les utilisateurs.

« De notre point de vue, un réseau social qui repose sur des incitations monétaires finira forcément par mal tourner. Il y a des investisseurs à contenter, donc il faut faire de l’argent. Pour faire de l’argent, il faut monétiser, donc mettre en place des pratiques hostiles aux utilisatrices et aux utilisateurs, que ce soit de la pub, de la vente de données, le fait de choisir les contenus que l’on veut exposer ou favoriser », expliquait à Next Renaud Chaput, directeur technique du projet.

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Amazon rachète Bee et son bracelet qui écoute tout ce que vous faites

Avec mes grandes oreilles, au loin j'entends les abeilles
Amazon rachète Bee et son bracelet qui écoute tout ce que vous faites

Amazon se prépare à conclure l’acquisition de la startup californienne, inventrice d’un bracelet connecté à un système d’IA générative et capable d’écouter l’ensemble des conversations de celui qui le porte. Baptisé Bee, ce bracelet dans lequel a investi Xavier Niel est l’une des incarnations de cette nouvelle famille d’objets connectés censés servir d’assistants quotidiens.

Promis, Bee va améliorer votre vie quotidienne… pour peu que vous ayez beaucoup d’interactions vocales avec d’autres humains ! Ce bracelet, affiché en précommande à 49 dollars et livré, pour l’instant, exclusivement aux États-Unis, se propose en effet d’écouter l’ensemble de vos conversations du jour à l’aide d’un micro embarqué.

L’objectif est de pouvoir ensuite les passer au crible d’une intelligence artificielle générative, et ainsi vous permettre de consulter la synthèse d’une réunion, rechercher une information précise évoquée par un interlocuteur, ou tout simplement vous souvenir des « moments importants » de votre vie.

Un micro au poignet branché sur un service d’IA

D’après la startup Bee AI, qui envisage d’associer son bracelet à un abonnement payant, facturé 12 dollars par mois, les modèles d’IA distribués au travers de sa plateforme pourront apprendre des conversations et des habitudes de son utilisateur pour gagner, au fur et à mesure, en pertinence. Au point de passer progressivement d’une écoute passive à des fonctionnalités plus interactives, comme la suggestion de tâches, le rappel de rendez-vous, etc.

« Pour nous servir pleinement, l’IA doit vivre à nos côtés, s’inspirant non seulement des commandes, mais aussi de la texture de nos vies : nos relations, nos émotions et nos aspirations. Ce n’est qu’en s’immergeant dans nos vies que l’IA peut véritablement comprendre qui nous sommes et ce qui compte le plus », précise la startup sur son site.

La promesse vous parait orwellienne ? Bee, fondée en 2022 par deux anciens d’une application de chat vidéo, Squad, rachetée par Twitter, y voit les prémices d’un service capable aussi d’interagir avec votre boîte mail, votre agenda ou votre carnet d’adresses. Bref, un majordome IA, caché dans un bracelet qui, pour l’instant, fait surtout penser visuellement aux trackers d’activités premier prix.

L’appareil, dépourvu d’écran, embarque deux microphones, dispose d’un dispositif de filtration de bruit pour améliorer la capture des voix, et dispose d’un simple bouton qui permet de déclencher ou d’interrompre les enregistrements. Doté d’un simple connecteur USB type-C, il offrirait jusqu’à sept jours ou 160 heures d’autonomie. Bee AI prévoit par ailleurs de déployer son service sur Apple Watch via une application dédiée, et propose déjà une avant-première de sa future application Android.

Pour l’instant, Bee indique à Wired exploiter une combinaison de modèles sur étagère, dont ChatGPT et Gemini, avec une inférence réalisée à distance, dans le cloud, les capacités du bracelet ne permettant pas à ce stade un traitement local.

Sur son site, Bee AI revendique le soutien financier de trois investisseurs : le fonds Exor de la famille Agnelli (Fiat), la société de capital-risque américaine Greycroft et un certain Xavier Niel, cité nommément bien que la participation ait vraisemblablement été réalisée via son fonds Kima Ventures.

Bee bientôt reconfiguré aux couleurs d’Alexa ?

Bee AI n’a pas réellement fait sa preuve de marché, mais la startup a déjà attiré l’intention d’un poids lourd. Maria de Lourdes Zollo, cofondatrice de Bee AI, a en effet annoncé mardi 22 juillet que son entreprise allait passer dans le giron d’Amazon :

« Lorsque nous avons lancé Bee, nous imaginions un monde où l’IA serait véritablement personnelle, où votre vie serait comprise et enrichie par une technologie qui apprend avec vous. Ce qui a commencé comme un rêve avec une équipe et une communauté incroyables trouve désormais un nouveau foyer chez Amazon. »

Le géant du e-commerce n’a de son côté pas communiqué officiellement, mais une porte-parole de l’entreprise confirme le rachat à The Verge, et en profite pour rassurer : « Nous concevons nos produits pour protéger la confidentialité et la sécurité de nos clients et pour leur permettre de contrôler facilement leur expérience — et cette approche s’applique bien sûr à Bee ».

Qu’adviendra-t-il de Bee chez Amazon ? La marque risque logiquement de disparaître, puisqu’Amazon englobe ses produits et travaux liés à l’IA générative sous l’ombrelle Alexa. En février dernier, la firme de Jeff Bezos avait présenté la dernière version en date de son IA, baptisée Alexa+ :

« Elle vous divertit, vous aide à apprendre, vous permet de rester organisé, résume des sujets complexes et peut discuter de pratiquement tout. Alexa+ peut gérer et protéger votre maison, effectuer des réservations, vous aider à suivre, découvrir et apprécier de nouveaux artistes. Alexa+ peut également vous aider à rechercher, trouver ou acheter presque n’importe quel article en ligne, ainsi que vous faire des suggestions utiles en fonction de vos intérêts. »

Déjà distribuée sur les appareils Amazon (tablettes, applications mobiles, enceintes domestiques, etc.), Alexa+ pourrait logiquement trouver son chemin vers le bracelet conçu par Bee AI.

Un design que n’auraient pas renié Fitbit et consorts vers 2016

Des grandes oreilles encore bien imparfaites

Le lancement en Europe d’un tel appareil serait probablement scruté de près par les défenseurs d’un respect strict de la vie privée, au regard notamment de textes comme le RGPD. En attendant, le bracelet de Bee AI livre des résultats contrastés, témoignent outre-Atlantique plusieurs journalistes de la presse tech, qui ont eu l’occasion de le tester pendant quelques semaines. Soit parce que l’appareil ne distingue pas toujours bien les voix, cherche à résumer la radio ou la TV qui tourne en fond, et produit un certain nombre de contre sens ou d’approximations. Soit parce qu’il résume des moments personnels, et élabore des suggestions qui n’ont pas toujours lieu d’être…

Dans son retour d’expérience, The Verge note toutefois que le bracelet Bee est de loin le plus abordable des appareils qui surfent sur cette idée d’une écoute permanente destinée à nourrir une IA personnelle. Ce point n’a probablement pas échappé à Amazon, qui envisage souvent ses appareils hardware comme des leviers d’acquisition pour ses services sur abonnement.

Reste à savoir si le marché est prêt ? Jusqu’ici, plusieurs startups se sont positionnées sur le segment des appareils connectés dopés à l’IA, avec parfois des échecs retentissants. L’AI Pin, sorte de broche connectée censée remplacer à terme le smartphone de l’utilisateur, a par exemple atteint des records de valorisation, avant que ses actifs ne soient finalement rachetés par HP pour une fraction des fonds levés suite à un lancement calamiteux. D’autres creusent ce filon d’un appareil connecté à une IA, mais avec une approche plus spécialisée, comme Plaud AI qui commercialise des accessoires dédiés à la prise de notes.

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☕️ Cybersécurité : l’administrateur du forum XSS.is a été arrêté en Ukraine

Le parquet de Paris signale mercredi l’arrestation, en Ukraine, de l’administrateur du forum majoritairement russophone XSS.is, connu comme un lieu d’échanges et de transactions liées au vol de données et à la distribution d’outils spécialisés.

« Actif depuis 2013, ce forum était l’un des principaux lieux de la cybercriminalité mondiale. Il permettait la vente de malwares, d’accès à des systèmes compromis, de données dérobées et de services liés aux ransomwares. Le forum était doublé d’un serveur Jabber de messagerie chiffrée, facilitant les échanges anonymes entre cybercriminels », décrit la procureure Laure Beccuau, dans un communiqué (PDF) partagé par le Parquet de Paris sur LinkedIn.

C’est ce serveur Jabber, thesecure.biz, qui aurait permis à l’enquête, ouverte dans le cadre d’un dossier d’information judiciaire ouvert par le parquet de Paris en 2021, d’aboutir grâce à la « mise en place de captations judiciaires ».

« Les messages interceptés ont révélé de nombreuses activités illicites en lien avec la cybercriminalité et les ransomwares, et permis d’établir qu’elles avaient engendré au moins 7 millions de dollars de bénéfice », avance encore la procureure.

Une seconde captation a permis de mener à l’arrestation, mardi 22 juillet en Ukraine, de celui que le parquet présente comme l’administrateur du forum. L’opération a été réalisée par les autorités ukrainiennes, en présence de la police française et d’Europol.

Le site s’était précédemment fait connaître sous le nom DaMaGeLaB, avant que l’arrestation d’un de ses administrateurs, n’entraîne la création d’une nouvelle identité. XSS.is tire son nom de la vulnérabilité dite cross-site scripting, abrégée en XSS dans le jargon informatique.

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Un incident cyber expose les données de 340 000 usagers France Travail

Recherche plombier expérimenté
Un incident cyber expose les données de 340 000 usagers France Travail

France Travail a alerté par email certains de ses usagers d’un incident de cybersécurité survenu au niveau d’un service dédié au suivi des formations. Il est susceptible d’avoir conduit à l’exposition des données personnelles de 340 000 inscrits.

France Travail a envoyé, mardi 22 juillet au soir, un courrier d’information à certains des usagers inscrits à son service, alertant d’un acte de cyber malveillance susceptible d’avoir entrainé la consultation illégitime de leurs données personnelles. Dans son email, que Next reproduit ci-dessous, l’ex Pole Emploi indique que la fuite est survenue au niveau « du portail emploi destiné à [ses] partenaires ».

Nom, prénom, adresses, téléphone et statut France Travail

L’agence affirme par ailleurs avoir immédiatement fermé le service concerné, lancé des analyses pour déterminer l’origine de l’attaque, et rempli ses obligations de signalement en informant la CNIL dès le 13 juillet, date de la découverte de cet incident.

« Les données compromises sont vos nom, prénom, adresses postale et électronique, numéro de téléphone, identifiant France Travail et statut (inscrit, radié). Vos données bancaires ou vos mots de passe ne sont pas concernés par cet incident », informe France Travail.

Comme toujours en de telles circonstances, l’agence invite les utilisateurs concernés à la prudence, notamment vis à vis des risques de phishing (hameçonnage).

Cet email a été adressé par France Travail à certains inscrits mardi 22 juillet en fin de journée

Une application de suivi des formations mise en cause

Contactée par Next, la direction de France Travail apporte quelques précisions sur la nature de l’incident et surtout sur son périmètre. L’alerte est d’abord partie du CERT-FR de l’ANSSI, le 12 juillet. Son traitement a permis aux équipes internes de France Travail d’identifier le service par lequel est intervenue la fuite.

« Il s’agit de l’application Kairos permettant aux organismes de formation d’agir sur le suivi des formations des demandeurs d’emploi. Le service a été immédiatement fermé ainsi que tous les autres services hébergés sur le portail Emploi destiné à nos partenaires », explique France Travail. La fuite aurait été rendue possible grâce à la compromission, via un malware de type infostealer (logiciel spécialisé dans le vol d’informations personnelles) d’un compte utilisateur rattaché à un organisme de formation basé dans l’Isère.

340 000 demandeurs d’emploi concernés

Outre le signalement à la CNIL, France Travail indique avoir déposé plainte auprès des autorités, en parallèle de la procédure obligatoire d’information des personnes concernées. « Les données de 340 000 demandeurs d’emploi ont été consultées et seraient donc susceptibles d’être divulguées et exploitées de manière illégale », révèle à ce niveau l’agence.

Les services concernés par cette fermeture préventive devraient être réactivés jeudi. France Travail affirme en parallèle avoir intensifié ses mesures de protection, et accéléré le déploiement d’une authentification double facteur dédiée à Kairos, initialement programmée pour octobre prochain.

« Face à la menace croissante de cyber attaques, nous renforçons en continu nos dispositifs de protection, procédures et consignes et appelons nos partenaires utilisateurs de nos services et appli à la plus grande vigilance concernant la robustesse et la confidentialité de leurs mots de passe », promet encore France Travail.

Rappelons que le service dédié aux demandeurs d’emploi a été victime, début 2024, d’une fuite de données massive qui avait conduit à l’exposition des informations relatives à quelque 43 millions d’inscrits. La portée réelle de l’intrusion avait toutefois été relativisée par la suite.

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☕️ En interne, Anthropic se dit ouvert aux fonds du Golfe, même s’ils viennent d’un dictateur

Dario Amodei, CEO d’Anthropic, aurait admis dans un message publié sur le Slack interne de l’entreprise qu’il n’était pas fermé à accueillir des fonds venus des Émirats arabes unis ou du Qatar, même si le fait d’accepter ces investissements risquait de contribuer, à terme, à enrichir des « dictateurs ».

« C’est un véritable inconvénient et je n’en suis pas ravi », aurait précisé Dario Amodei, avant d’ajouter : « malheureusement, je pense qu’on ne peut pas gérer une entreprise en appliquant le principe du « aucune mauvaise personne ne devrait bénéficier de notre succès » ».

Ce propos daté du dimanche 20 juillet, qui n’avait a priori pas vocation à être rendu public, a été révélé par Wired dans un article publié lundi.

D’après la description qu’en fait le magazine, Dario Amodei profitait de ce mémo pour peser le pour et le contre au sujet d’une ouverture du capital d’Anthropic aux structures d’investissement des États du Moyen-Orient.

Anthropic

Dario Amodei affirmait en octobre dernier dans un essai que les IA les plus puissantes devaient rester l’apanage des démocraties, pour éviter que des régimes autoritaires en prennent le contrôle. Quelques mois plus tôt, il avait, selon CNBC, fermé la porte au fonds souverain d’Arabie saoudite, qui se portait candidat pour acquérir les actions Anthropic détenues par la société FTX avant l’effondrement de cette dernière.

La donne aurait donc changé. « Si nous voulons rester à la pointe de la technologie, l’accès à ce capital est un atout majeur », évoquant un fonds disposant d’une enveloppe de l’ordre de 100 milliards de dollars.

S’agit-il de MGX, le fonds souverain émirati qui participe déjà aux 500 milliards de dollars prévisionnels d’investissement programmés par OpenAI ? Dario Amodei ne le précise pas, mais il explique que refuser d’aller au Moyen-Orient ou manquer l’opportunité que constituent les perspectives d’investissement dans des infrastructures locales mettrait la société dans une situation concurrentielle complexe.

« En fait, cela pourrait avoir des avantages importants pour le monde, notamment en améliorant la santé humaine, en contribuant au développement économique, etc. », veut-il encore croire.

Dans la foulée du voyage organisé par Donald Trump au Moyen-Orient pour renforcer les liens commerciaux avec la région, OpenAI s’est engagée à participer à un partenariat commercial plus large entre les États-Unis et les Émirats arabes unis, signé le 15 mai dernier, qui prévoit, entre autres, que l’administration Trump soutienne la création de 5 GW d’infrastructures dédiées à l’IA hébergées par les sept émirats.

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☕️ Corning s’engage à arrêter les exclusivités (sauf avec Apple) pour apaiser Bruxelles

Sous le feu d’une enquête formelle de la Commission européenne pour abus de position dominante, le fabricant américain Corning, spécialisé dans les verres durcis à destination, notamment, de la téléphonie mobile, a réussi à éviter l’amende. Dans un communiqué daté du 18 juillet, Bruxelles indique avoir accepté les engagements formulés par Corning, mais prévient toutefois : un manquement pourrait être sanctionné à hauteur de 10 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise, ou une astreinte à hauteur de 5 % de ce même chiffre d’affaires par jour de non-conformité.

L’accord prévoit principalement que le fabricant des verres Gorilla Glass mette un terme à toutes les clauses d’exclusivité négociées avec des constructeurs (marques commerciales ou OEM) et s’engage « à ne pas utiliser de telles clauses ou des clauses similaires ayant le même effet dans des accords futurs ». L’entreprise se dit également prête à ne plus exiger de ses clients qu’ils se fournissent obligatoirement à plus de 50 % auprès d’elle.

Gorilla Glass est la marque la plus connue du groupe Corning

À ces engagements pris pour le monde entier, Corning ajoute une promesse liée plus spécifiquement au marché européen : l’entreprise accepte ainsi de ne plus subordonner la vente de ses verres les plus haut de gamme à des engagements de volumes minimums. En cas de litige relatif à sa propriété intellectuelle, Corning indique également accepter de « fonder ses revendications uniquement sur la violation de brevet, et non sur une rupture de contrat ».

Ces propositions tolèrent toutefois une exception, et non des moindres : les verres de protection développés spécifiquement par Corning pour Apple. Considérés comme une commande ad hoc, ils ne rentreraient pas dans le champ des produits pour lesquels cette proposition d’accord se révèle pertinente.

La Commission s’est dite satisfaite de ces engagements, et « a donc décidé de les rendre juridiquement contraignants pour Corning », pour une durée de neuf ans et avec une application dans le monde entier.

En 2024, les activités liées à l’affichage et aux verres de protection représentaient 3,8 milliards de dollars, sur un total de 13,12 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel pour le groupe Corning.

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Internet par satellite : l’Arcep donne enfin le feu vert à Amazon Kuiper

There's a starman waitin' in the sky
Internet par satellite : l’Arcep donne enfin le feu vert à Amazon Kuiper

L’Arcep a publié lundi la décision par laquelle elle autorise Amazon à opérer, en France, son réseau de satellites en orbite basse Kuiper. Cette décision, qui ouvre la voie à un lancement commercial de l’offre, soulève toutefois quelques inquiétudes chez les autres acteurs du satellite.

Cette fois, c’est la bonne ? Après la délivrance des autorisations relatives aux stations au sol, l’Arcep a formellement donné son feu vert à l’exploitation, par Amazon Kuiper, des bandes de fréquence qui doivent permettre à l’entreprise d’opérer son service d’accès à Internet par satellite. La décision correspondante est datée du 15 avril, mais elle a été rendue publique lundi 21 juillet.

« La société Amazon Kuiper Services Europe SARL est autorisée à utiliser, en France métropolitaine, les fréquences radioélectriques des bandes 28,5 - 28,9485 GHz (sens Terre vers espace) ainsi que des bandes 17,7 - 18,6 GHz et 18,8 - 19,3 GHz (sens espace vers Terre) pour établir et exploiter un réseau ouvert au public du service fixe par satellite afin de fournir des services de communications pour des stations terriennes fixes fonctionnant avec un système à satellites non-géostationnaires », écrit l’Autorité.

L’autorisation en question est accordée pour une durée de dix ans. Elle s’assortit d’une obligation de non-interférence vis-à-vis des autres opérateurs amenés à exploiter ces fréquences, ou des bandes voisines. « La société Amazon Kuiper Services Europe SARL devra interrompre immédiatement toute activité liée à l’utilisation de ces fréquences si des brouillages étaient constatés », prévient l’Arcep.

Amazon vante une solution sûre et durable

En complément de sa décision, l’Arcep publie les contributions reçues dans le cadre de sa consultation préalable, à laquelle Amazon a logiquement participé pour défendre l’intérêt de son projet. L’entreprise américaine y vante en premier lieu un accès à Internet global, permettant d’offrir une connectivité haut débit jusque dans les zones blanches les plus reculées.

« Par ailleurs, la connectivité satellite Kuiper peut soutenir les plans de continuité d’activité des services publics et des entreprises, tout en fournissant une couverture temporaire aux communautés dépourvues de connexion en fibre optique terrestre », affirme Amazon, qui souligne également la façon dont sa constellation peut « renforcer les capacités des autorités », en cas de catastrophe naturelle.

Kuiper défend également une approche « responsable » de l’accès à l’espace, avec des satellites susceptibles d’être désorbités en fin de vie, et la promesse d’une « collaboration avec la communauté des radioastronomes afin de réduire les impacts potentiels liés aux interférences lumineuses et radioélectriques ».

L’impact réel de Kuiper en la matière reste toutefois difficile à évaluer, dans la mesure où la constellation n’est pas encore déployée. Rappelons qu’Amazon prévoit trois groupes de satellites, pour un total de 3 236 appareils, placés à une altitude comprise entre 590 et 630 km, avant d’envisager une seconde salve qui porterait la constellation à plus de 7 000 satellites.

Amazon ne manque enfin pas de rappeler qu’outre sa promesse de connectivité, Kuiper va très directement profiter au secteur spatial européen, puisque l’entreprise est aujourd’hui le premier client privé de la fusée Ariane 6, avec un contrat qui prévoit 18 lancements sur trois ans.

Un point qu’Arianespace confirme dans sa propre contribution. « Sur les 10,3 milliards d’euros investis dans le projet Kuiper, environ 2,6 milliards – soit 26 % – seront directement injectés dans le secteur spatial européen entre 2022 et 2029. Ariane 6 et l’ensemble de sa chaîne industrielle bénéficieront très concrètement de ces investissements », fait valoir la société française.

Des concurrents nettement moins enthousiastes

Du côté des opérateurs satellite déjà installés, l’accueil se révèle sans surprise plus frileux, même si aucune opposition de principe n’est formulée, libre concurrence oblige. Eutelsat, qui vient de lever des fonds auprès des États français et britanniques pour préparer le déploiement de sa propre constellation en orbite basse, insiste par exemple sur le respect des obligations formulées par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) en matière de brouillage.

L’entreprise, qui a manifestement été entendue par l’Arcep, glisse au passage que Kuiper « n’a fourni aucune preuve de la conformité de l’ensemble du système (3 232 satellites) » avec les limites fixées par l’UIT. Elle alerte donc sur la nécessité de surveiller de près le respect des limites d’EPFD (limites de puissance surfacique équivalente) qui permettent de quantifier ces risques d’interférences, notamment vis-à-vis de ses satellites géostationnaires.

L’entreprise américaine de télécommunications par satellite Viasat va un cran plus loin dans la démonstration. Elle affirme que si Amazon a fourni à l’UIT les données individuelles relatives aux futurs satellites de Kuiper, aucune étude d’impact sur la totalité de la constellation n’a été réalisée pour attester de son innocuité sur les autres opérateurs. Qu’à cela ne tienne : elle réalise donc sa propre simulation, sur la base d’une installation basée à Lyon et affirme, sur cette base, que « le système n’est pas conforme aux exigences de la licence telles qu’elles sont définies par l’ARCEP ». Viasat n’exige aucun refus d’opérer, mais demande des restrictions sur le nombre de faisceaux desservant simultanément un emplacement.

L’Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel) souligne de son côté les mérites de l’accès à Internet par satellite, mais alerte sur les dépenses énergétiques associées, et sur les questions de souveraineté afférentes. « Des impératifs de sécurité intérieure pourront nécessiter une surveillance des matériels, données et exploitations qui en sont faites, s’agissant particulièrement d’opérateurs non-européens », soulève l’association.

Amazon a pour mémoire commencé en avril dernier le déploiement des premiers satellites (hors prototypes) de sa constellation Kuiper, qui ambitionne de fournir un accès à Internet à plus de 400 millions de personnes dans le monde, avec des débits allant jusqu’à 400 Mb/s grâce à un terminal vendu moins de 400 dollars.

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