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☕️ La Chine crée un visa pour les jeunes professionnels des sciences et des technologies


La Chine a créé un nouveau visa pour attirer les jeunes professionnels scientifiques ou des technologies. 


Destiné à entrer en vigueur au premier octobre, ce nouveau « visa K », qui viendra s’ajouter aux visas existants, doit permettre de « promouvoir la coopération et les échanges internationaux entre les jeunes professionnels de ce secteur ».

Kayla-Kozlowski-Unsplash

Les candidats doivent avoir obtenu un diplôme de niveau licence ou plus dans les champs des sciences, des technologies, de l’ingénierie ou des mathématiques (STIM).

Le visa sera aussi accessible pour des professionnels engagés dans des activités d’éducation ou de recherche au sein d’universités spécialisées dans ces différents domaines.

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☕️ Arnaques en ligne : l’IA générative utilisée pour booster l’ultra fast-fashion

Avec 10,9 % des achats d’habillement réalisés en seconde main en France, le recours à Vinted, Leboncoin ou Etsy est devenu une véritable habitude chez les Français.

Mais comme l’a remarqué l’influenceur Johan Reboul (@lejeuneengage), de nombreux usagers de Vinted recourent désormais à de l’IA pour acheter des vêtements neufs sur des sites d’ultra fast-fashion comme Temu, Shein ou AliExpress, puis les revendre plus chers, en les faisant passer pour de la seconde main déjà portée.

FranceInfo a fait le test : une robe en tulle vendue à 39,90 euros sur Vinted a été retrouvée proposée à 15 euros, neuve, sur Temu.

Arnaque aux comptes Vinted

Comment se rendre compte de la supercherie ? En se rendant sur les profils de vendeurs, pour commencer. Johan Reboul a eu la puce à l’oreille en constatant que chaque photo présentait des vêtements portés par une personne différente. 
L’aspect stéréotypé, aussi, notamment du côté des femmes, souvent minces, blanches, à forte poitrine, voire reprenant sans cesse la même pose, une main proche des cheveux.

Alors que le dropshipping est très encadré en France, Johan Reboul considère que faire passer un produit neuf pour de la seconde main relève d’une « tromperie du consommateur ».

Auprès de France Info, l’historienne et spécialiste de l’habillement Audrey Millet évoque un cas de « blanchiment textile », qui souligne que le « seul objectif » de l’ultra fast-fashion consiste à « surproduire et survendre ».

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☕️ La Chine crée un visa pour les jeunes professionnels des sciences et des technologies


La Chine a créé un nouveau visa pour attirer les jeunes professionnels scientifiques ou des technologies. 


Destiné à entrer en vigueur au premier octobre, ce nouveau « visa K », qui viendra s’ajouter aux visas existants, doit permettre de « promouvoir la coopération et les échanges internationaux entre les jeunes professionnels de ce secteur ».

Kayla-Kozlowski-Unsplash

Les candidats doivent avoir obtenu un diplôme de niveau licence ou plus dans les champs des sciences, des technologies, de l’ingénierie ou des mathématiques (STIM).

Le visa sera aussi accessible pour des professionnels engagés dans des activités d’éducation ou de recherche au sein d’universités spécialisées dans ces différents domaines.

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☕️ Arnaques en ligne : l’IA générative utilisée pour booster l’ultra fast-fashion

Avec 10,9 % des achats d’habillement réalisés en seconde main en France, le recours à Vinted, Leboncoin ou Etsy est devenu une véritable habitude chez les Français.

Mais comme l’a remarqué l’influenceur Johan Reboul (@lejeuneengage), de nombreux usagers de Vinted recourent désormais à de l’IA pour acheter des vêtements neufs sur des sites d’ultra fast-fashion comme Temu, Shein ou AliExpress, puis les revendre plus chers, en les faisant passer pour de la seconde main déjà portée.

FranceInfo a fait le test : une robe en tulle vendue à 39,90 euros sur Vinted a été retrouvée proposée à 15 euros, neuve, sur Temu.

Arnaque aux comptes Vinted

Comment se rendre compte de la supercherie ? En se rendant sur les profils de vendeurs, pour commencer. Johan Reboul a eu la puce à l’oreille en constatant que chaque photo présentait des vêtements portés par une personne différente. 
L’aspect stéréotypé, aussi, notamment du côté des femmes, souvent minces, blanches, à forte poitrine, voire reprenant sans cesse la même pose, une main proche des cheveux.

Alors que le dropshipping est très encadré en France, Johan Reboul considère que faire passer un produit neuf pour de la seconde main relève d’une « tromperie du consommateur ».

Auprès de France Info, l’historienne et spécialiste de l’habillement Audrey Millet évoque un cas de « blanchiment textile », qui souligne que le « seul objectif » de l’ultra fast-fashion consiste à « surproduire et survendre ».

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Pionnière de la défense des femmes dans la tech, Dame Stephanie Shirley décède à 91 ans

Dame Steve
Pionnière de la défense des femmes dans la tech, Dame Stephanie Shirley décède à 91 ans

Entrepreneure britannique engagée dans la défense de la place des femmes dans l’industrie technologique, philanthrope, Dame Stephanie Shirley est décédée à 91 ans.

Il faut quelquefois faire preuve de créativité pour se créer une place dans l’écosystème technologique. Dans les années 1960, Stephanie Shirley s’est faite appeler Steve pour que ses interlocuteurs la prennent au sérieux. Décédée le 9 août 2025 en Angleterre, à l’âge de 91 ans, cette informaticienne et femme d’affaires a été une précurseuse de la défense de la place des femmes dans l’industrie numérique.

En 1962, alors que les femmes britanniques ne pouvaient ni travailler à la Bourse ni conduire de bus, et que les françaises n’avaient toujours pas accès à des comptes bancaires, Stephanie Shirley créait sa société de programmation logicielle, Freelance Programmers.

Freelance, flexible and free programmers

À Dortmund, en 1933, Stephanie Shirley naît sous le nom de Vera Buchthal. Fuyant le régime nazi vers l’Autriche, Vera et sa sœur aînée Renate sont placées dans un train pour Londres depuis Vienne. Ensemble, elles feront partie des 10 000 enfants principalement Juifs sauvés des territoires nazis par ce système de Kindertransport (transport d’enfants).

Si leurs parents sont parvenus à les rejoindre, leur relation est restée endommagée par la guerre, et Vera s’est surtout liée avec sa famille adoptive. À 18 ans, celle qui remercie régulièrement son pays d’adoption de lui avoir donné « une vie qui valait d’être sauvée » prend la citoyenneté britannique et le nom de Stephanie Brook.

Alors qu’elle montre des aptitudes pour les mathématiques, l’école de filles qu’elle fréquente ne lui permet pas de les étudier plus avant. Elle obtient donc une bourse pour assister aux cours dispensés à l’école de garçon locale. Au fil des ans, elle obtient un diplôme de mathématiques puis passe dix-huit mois à construire un ordinateur pour une petite société britannique.

Lassée de se heurter à l’indifférence pour ses propositions, Stephanie Shirley lance en 1962 sa propre activité, dans son salon. Sa mise de départ s’élève à 6 livres, soit l’équivalent de 113 livres (130 euros) aujourd’hui. Son projet, novateur pour l’époque : permettre à des femmes qui avaient quitté l’industrie au moment de leur mariage ou de la naissance de leur premier enfant de reprendre le travail, comme elle l’explique dans une conférence TED de 2015.

Pour ce faire, Stéphanie Shirley leur permet de travailler de chez elle et à temps partiel. « Avez-vous accès à un téléphone ? », demande-t-elle à chacune des aspirantes programmeuses qui candidatent pour la rejoindre.

Du côté des clients, elle facture au forfait. Et lorsque Freelance Programmers est renommé F International, puis F1 (avant de devenir Xansa), le F n’évoque plus simplement le fait d’être Freelance, mais aussi la flexibilité, et la liberté (freedom), rapporte le New-York Times.

Steve, le pied dans la porte

Tout n’est pas simple pour autant. « À l’époque, les logiciels étaient cédés gratuitement avec le hardware », raconte-t-elle sur la scène de sa conférence TED. Au-delà du défi économique, quantité de ses propositions d’affaires, signées Stephanie Shirley, ne reçoivent aucune réponse. Lorsque son mari Derek Sherley, qu’elle a épousé en 1959, lui suggère de signer Steve au lieu de Stephanie, les potentiels clients lui accordent de plus en plus régulièrement des entretiens, et ne réalisent leur méprise que le jour J.

L’astuce fonctionne suffisamment pour pousser l’entrepreneure à recruter de plus en plus régulièrement. Sur ses 300 premiers employés, 297 sont des femmes. Ensemble, ces équipes construiront les logiciels dédiés à la boîte noire des avions Concorde, des produits dédiés à la planification horaire de bus et de trains de marchandises, et d’autres protocoles logiciels dont certains seront finalement adoptés par l’OTAN.

En 1975, une nouvelle loi anti-discrimination pousse Stephanie Shirley à employer autant d’hommes que de femmes. 16 ans plus tard, alors qu’elle restructure son entreprise, elle déclare avoir cédé un quart des parts de la société à ses employés et permis à 70 d’entre elles de devenir millionnaires. En 1996, rapporte the Guardian, alors que l’entreprise est cotée en bourse, elle se retrouve elle-même suffisamment fortunée pour se lancer une collection d’art – qu’elle cédera plus tard à des œuvres de charité – et se lancer dans la philanthropie.

En 2000, Stephanie Shirley est nommée Dame Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (l’équivalent de Chevalier Commandeur chez les hommes). Elle évoquait ouvertement les difficultés de son mari et elle à s’occuper de leur fils Giles, né en 1960, autiste et victimes de crises handicapantes d’épilepsie. Ce dernier est décédé à l’âge de 35 ans.

Après sa retraite, l’entrepreneure a dédié une large part de son temps à diverses œuvres caritatives. Sur son site web, Stephanie Shirley indique avoir donné près de 70 millions de livres à des causes liées à l’autisme ou à l’informatique.

De ses propres mots, Dame Stephanie Shirley est de la génération qui s’est battue pour permettre aux femmes de travailler et d’obtenir des salaires égaux à ceux de leurs collègues masculins. Dans l’industrie technologique comme dans le monde de l’entrepreneuriat, il reste du chemin à parcourir : dans les années récentes, les témoignages de femmes qui découvrent être brusquement mieux traitées lorsque, par erreur ou par calcul, elles se mettent à signer leurs mails du nom d’un collègue masculin ou d’un fictionnel « Keith Mann », continuent de faire surface.

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Pionnière de la défense des femmes dans la tech, Dame Stephanie Shirley décède à 91 ans

Dame Steve
Pionnière de la défense des femmes dans la tech, Dame Stephanie Shirley décède à 91 ans

Entrepreneure britannique engagée dans la défense de la place des femmes dans l’industrie technologique, philanthrope, Dame Stephanie Shirley est décédée à 91 ans.

Il faut quelquefois faire preuve de créativité pour se créer une place dans l’écosystème technologique. Dans les années 1960, Stephanie Shirley s’est faite appeler Steve pour que ses interlocuteurs la prennent au sérieux. Décédée le 9 août 2025 en Angleterre, à l’âge de 91 ans, cette informaticienne et femme d’affaires a été une précurseuse de la défense de la place des femmes dans l’industrie numérique.

En 1962, alors que les femmes britanniques ne pouvaient ni travailler à la Bourse ni conduire de bus, et que les françaises n’avaient toujours pas accès à des comptes bancaires, Stephanie Shirley créait sa société de programmation logicielle, Freelance Programmers.

Freelance, flexible and free programmers

À Dortmund, en 1933, Stephanie Shirley naît sous le nom de Vera Buchthal. Fuyant le régime nazi vers l’Autriche, Vera et sa sœur aînée Renate sont placées dans un train pour Londres depuis Vienne. Ensemble, elles feront partie des 10 000 enfants principalement Juifs sauvés des territoires nazis par ce système de Kindertransport (transport d’enfants).

Si leurs parents sont parvenus à les rejoindre, leur relation est restée endommagée par la guerre, et Vera s’est surtout liée avec sa famille adoptive. À 18 ans, celle qui remercie régulièrement son pays d’adoption de lui avoir donné « une vie qui valait d’être sauvée » prend la citoyenneté britannique et le nom de Stephanie Brook.

Alors qu’elle montre des aptitudes pour les mathématiques, l’école de filles qu’elle fréquente ne lui permet pas de les étudier plus avant. Elle obtient donc une bourse pour assister aux cours dispensés à l’école de garçon locale. Au fil des ans, elle obtient un diplôme de mathématiques puis passe dix-huit mois à construire un ordinateur pour une petite société britannique.

Lassée de se heurter à l’indifférence pour ses propositions, Stephanie Shirley lance en 1962 sa propre activité, dans son salon. Sa mise de départ s’élève à 6 livres, soit l’équivalent de 113 livres (130 euros) aujourd’hui. Son projet, novateur pour l’époque : permettre à des femmes qui avaient quitté l’industrie au moment de leur mariage ou de la naissance de leur premier enfant de reprendre le travail, comme elle l’explique dans une conférence TED de 2015.

Pour ce faire, Stéphanie Shirley leur permet de travailler de chez elle et à temps partiel. « Avez-vous accès à un téléphone ? », demande-t-elle à chacune des aspirantes programmeuses qui candidatent pour la rejoindre.

Du côté des clients, elle facture au forfait. Et lorsque Freelance Programmers est renommé F International, puis F1 (avant de devenir Xansa), le F n’évoque plus simplement le fait d’être Freelance, mais aussi la flexibilité, et la liberté (freedom), rapporte le New-York Times.

Steve, le pied dans la porte

Tout n’est pas simple pour autant. « À l’époque, les logiciels étaient cédés gratuitement avec le hardware », raconte-t-elle sur la scène de sa conférence TED. Au-delà du défi économique, quantité de ses propositions d’affaires, signées Stephanie Shirley, ne reçoivent aucune réponse. Lorsque son mari Derek Sherley, qu’elle a épousé en 1959, lui suggère de signer Steve au lieu de Stephanie, les potentiels clients lui accordent de plus en plus régulièrement des entretiens, et ne réalisent leur méprise que le jour J.

L’astuce fonctionne suffisamment pour pousser l’entrepreneure à recruter de plus en plus régulièrement. Sur ses 300 premiers employés, 297 sont des femmes. Ensemble, ces équipes construiront les logiciels dédiés à la boîte noire des avions Concorde, des produits dédiés à la planification horaire de bus et de trains de marchandises, et d’autres protocoles logiciels dont certains seront finalement adoptés par l’OTAN.

En 1975, une nouvelle loi anti-discrimination pousse Stephanie Shirley à employer autant d’hommes que de femmes. 16 ans plus tard, alors qu’elle restructure son entreprise, elle déclare avoir cédé un quart des parts de la société à ses employés et permis à 70 d’entre elles de devenir millionnaires. En 1996, rapporte the Guardian, alors que l’entreprise est cotée en bourse, elle se retrouve elle-même suffisamment fortunée pour se lancer une collection d’art – qu’elle cédera plus tard à des œuvres de charité – et se lancer dans la philanthropie.

En 2000, Stephanie Shirley est nommée Dame Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (l’équivalent de Chevalier Commandeur chez les hommes). Elle évoquait ouvertement les difficultés de son mari et elle à s’occuper de leur fils Giles, né en 1960, autiste et victimes de crises handicapantes d’épilepsie. Ce dernier est décédé à l’âge de 35 ans.

Après sa retraite, l’entrepreneure a dédié une large part de son temps à diverses œuvres caritatives. Sur son site web, Stephanie Shirley indique avoir donné près de 70 millions de livres à des causes liées à l’autisme ou à l’informatique.

De ses propres mots, Dame Stephanie Shirley est de la génération qui s’est battue pour permettre aux femmes de travailler et d’obtenir des salaires égaux à ceux de leurs collègues masculins. Dans l’industrie technologique comme dans le monde de l’entrepreneuriat, il reste du chemin à parcourir : dans les années récentes, les témoignages de femmes qui découvrent être brusquement mieux traitées lorsque, par erreur ou par calcul, elles se mettent à signer leurs mails du nom d’un collègue masculin ou d’un fictionnel « Keith Mann », continuent de faire surface.

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☕️ L’Arcom s’est rapprochée d’homologues européens pour demander des comptes à kick.com

Après le décès en direct de Raphaël Graven, connu en ligne sous le nom de Jean Pormanove, ou JP, l’Arcom indique avoir pris contact avec l’Office Anti-cybercriminalité (OFAC) et plusieurs homologues européens, dont son alter ego allemand (la BNetzA).

Saisi par la Ligue des Droits de l’Homme, le régulateur a été informé le 19 août par la Commission européenne de la désignation d’un représentant légal de kick.com en Europe, à Malte.

L’Arcom l’a sollicité pour « obtenir des informations détaillées sur les moyens dédiés par le service à la modération francophone, ainsi que sur le cas spécifique de la chaîne « Jeanpormanove » : signalements ou plaintes reçus, mesures prises contre des contenus potentiellement illégaux, etc », indique-t-elle dans son communiqué.


Installée en Australie, kick.com est classé « service intermédiaire » au regard du règlement européen sur les services numériques (digital services act, DSA), dans la mesure où elle compte moins de 45 millions de visiteurs mensuels au sein de l’Union Européenne.

Dans les douze jours qui ont précédé son décès, Raphaël Graven a subi de multiples sévices, menaçant à plusieurs reprises d’aller à l’hôpital ou d’appeler la police, en vain.

Une enquête a été ouverte à Nice, et la Justice a requis une autopsie.

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☕️ Justin Sun, le crypto-milliardaire et fondateur de Tron qui voulait rester discret

Justin Sun a porté plainte le 11 août contre Bloomberg.

Fondateur de la plateforme blockchain Tron et de l’entreprise du même nom, émettrice de la cryptomonnaie TRX, le crypto-milliardaire avait initialement approuvé la publication de son statut de multimilliardaire.

Mais il pourrait ne pas avoir apprécié les révélations du média financier sur la structuration de ses biens. Justin Sun possède 63 % des TRX en circulation, une concentration que l’ingénieure Molly White rapproche de celle constatée du côté de Sam Bankman-Fried, en 2022, lorsqu’il était devenu évident que son empire crypto avait été construit sur le jeton émis par sa propre entreprise FTX.

Bloomberg a par ailleurs révélé qu’il était propriétaire de l’exchange HTX (anciennement Huobi), un statut que Justin Sun refusait jusque-là, arguant régulièrement qu’il n’en était que simple conseiller.
D’après Molly White, l’entrepreneur est un habitué du procédé : il a nié être propriétaire d’autres sociétés dans lesquelles il est très actif, dont Poloniex, BiT Global et Techteryx.

Justin Sun déclara porter plainte en raison d’inquiétudes pour sa vie privée. Sa fortune est pourtant loin d’être secrète : on l’a notamment vu se porter acquéreur d’une banane scotchée sur un mur, œuvre de l’artiste italien Maurizio Catalan, pour 6,2 millions de dollars, puis manger ostensiblement le fruit devant les caméras.

Figure controversée du milieu des cryptoactifs, Justin Sun est accusé d’avoir copié directement différents projets crypto (dont Ethereum pour lancer Tron).

En mars 2024, le régulateur boursier américain (la SEC) le poursuivait pour distribution illégale de cryptoactifs et manipulation des cours. En février 2025, l’entrepreneur et l’institution travaillaient à une résolution de l’affaire, que ce soit par un accord à l’amiable ou par un non-lieu.

Une piste étonnante, mais concomitante au soin que porte désormais Justin Sun à son image : celui-ci a introduit Tron en bourse, et obtenu un poste de conseiller auprès de l’une des sociétés de cryptos de Donald Trump.

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☕️ Au siège de Microsoft, des employés manifestent contre les contrats passés avec Israël

Au siège de Microsoft, ce 19 août, une cinquantaine d’employés et ex-employés de Microsoft ont organisé une manifestation de protestation contre les nouvelles révélations sur la manière dont l’armée israélienne recourt aux puissances de calcul et au stockage d’Azure pour ses opérations à Gaza et en Cisjordanie.

Au milieu des tentes et des hommages artistiques aux victimes du conflit, notamment aux enfants palestiniens, les manifestants ont installé un large panneau invitant les dirigeants de Microsoft à « rejoindre la table des négociations », et à mettre fin aux partenariats de l’entreprise avec l’armée israélienne.

Auprès de The Verge, les manifestants déclarent prévoir d’occuper l’endroit jusqu’à ce qu’ils en soient exclus par la force.

L’opération fait suite à une série de manifestations cherchant à demander des comptes aux dirigeants de Microsoft.

En avril, un ingénieur du département dédié à l’intelligence artificielle avait ainsi interrompu un discours du directeur exécutif de l’IA Mustafa Suleyman pour appeler à empêcher l’armée israélienne de recourir aux produits d’IA de Microsoft. Le même jour, un ingénieur avait interrompu un discours du directeur exécutif de Microsoft, Satya Nadella, avec un appel similaire. Les deux ont été rapidement licenciés.

Un mois plus tard, plusieurs employés ont déclaré que leurs emails contenant les mots « Palestine », « Gaza », « genocide », « apartheid » ou « IOF [forces d’occupations israélienne, ndlr] off Azure » se retrouvaient bloqués par Microsoft Outlook. Ceux comportant le mot « Israël » ne seraient pas filtrés.

Dans un document à destination de leurs collègues, des personnes solidaires de la Palestine et des dirigeants de Microsoft, les membres du groupe No Azure for Apartheid appellent les employés de la société « partout dans le monde » à « prendre la parole, quitter le travail, manifester et faire grève ».

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Palantir profite à fond de l’élection de Donald Trump

L'œil de Sauron
Palantir profite à fond de l’élection de Donald Trump

En quelques mois, Palantir a multiplié sa valorisation en bourse, jusqu’à rejoindre le club fermé des sociétés les mieux cotées des États-Unis. Retour sur les activités de ce spécialiste discret de l’analyse de données au service des gouvernements, de leurs armées, mais aussi de la traque des populations immigrées aux États-Unis.

Que se passe-t-il avec Palantir ? En juillet, la société cofondée en 2003 par le libertarien Peter Thiel et initialement financée par In-Q-Tel, le fonds de la CIA, rejoignait le club des 20 entreprises les plus valorisées des États-Unis. En dépassant les 375 milliards de dollars, le fournisseur de logiciels d’analyses de données avait fait plus que doubler sa valorisation sur les marchés en une seule année, soulignait CNBC.

Début août, la valeur des actions de Palantir avait grimpé de 2 500 % par rapport à son entrée en bourse de 2021, relevait Bloomberg. Mais c’est surtout depuis l’élection de Donald Trump que le cours de son action PLTR a véritablement explosé au Nasdaq, avec une progression encore plus forte que celle de Nvidia.

Pourtant, quelques mois plus tôt, une dizaine d’ex-employés appelaient à « résister » à la tendance selon laquelle les grandes entreprises de la tech comme Palantir participaient activement à la poussée autoritaire visible aux États-Unis et dans d’autres pays du monde. De même, mi-juin, des démocrates appelaient le patron de la société Alex Karp à faire la transparence sur les contrats liant Palantir à diverses agences états-uniennes.

Des activités qui gardent une aura de mystère

En pratique, l’entreprise est avant tout connue pour deux produits : Gotham et Foundry. Initialement nommée Palantir Government, Gotham est utilisée aux États-Unis, mais aussi au Royaume-Uni ou encore en France, au moins depuis 2015. Pensée pour des enjeux de sécurité nationale ou de lutte contre le terrorisme, cette plateforme intègre divers outils d’accès à des bases de données variées (dates, images, positions géographiques, etc) et un moteur de recherche puissant, présenté comme capable de trouver très simplement des informations sur un individu.

Foundry est un autre dispositif pensé pour le secteur commercial. Là encore, il s’agit de permettre une gestion et des analyses poussées de données variées. Pour déployer de l’IA au sein de ces services, l’entreprise a aussi conçu d’autres produits (comme Apollo et AIP), et conclu des accords avec des fournisseurs comme Microsoft. Palantir est par ailleurs derrière le Maven Smart System, un logiciel de génération de carte tactique initialement construit aux côtés du gouvernement des États-Unis.

Si ces premières pistes aident théoriquement à comprendre le secteur d’activité de Palantir, Wired remarquait début août que les propres employés ou ex-employés de la société peinent à décrire plus précisément ce que fait Palantir. Difficile pour eux, par exemple, d’identifier des concurrents directs, quand bien même la plupart de leurs descriptions, y compris celle d’une « plomberie extravagante pour gérer des données », pourrait correspondre aux activités de quantité d’autres sociétés de software as a service à destination d’un marché professionnel.

D’après le média états-unien, la spécificité de Palantir repose peut-être dans sa stratégie marketing, qui consiste à vendre une solution d’apparence magique à des problèmes complexes, à destination d’utilisateurs non techniciens. Son propre patron Alex Karp recourt volontiers à des propos militaires, déclarant acceptable, « quand c’est nécessaire, de faire peur aux ennemis, et dans certains cas, de les tuer ». Sa clientèle, essentiellement composée de gouvernements de sociétés du Fortune 500, joue aussi avec cette aura de mystère.

Trump en faveur du mélange de données

Le boom récent de Palantir s’explique aussi en partie par les projets politiques de Donald Trump. En mars, ce dernier signait un décret demandant aux agences états-uniennes de partager leurs données, un projet qui avait tout de suite alerté sur les risques de surveillance accrus qu’il pourrait lui fournir. Si le président des États-Unis s’est peu exprimé sur le sujet, il est rapidement apparu que Palantir avait été sollicitée pour mener le projet à bien.

De janvier à mai 2025, la société a reçu plus de 113 millions de financements pour des contrats fédéraux, relevait alors le New-York Times, en partie issus de nouveaux accords conclus avec le ministère de la sécurité intérieure et le Pentagone. La société a par ailleurs remporté un contrat de 795 millions de dollars avec le ministère de la Défense – ce qui porte ses dépenses passées et futures envers l’entreprise à 1,66 milliard de dollars.

Outre ces différentes entités dédiées aux activités militaires et de forces de l’ordre, Palantir étendait ses liens avec l’agence en charge de la Sécurité sociale et l’Internal Revenue Service (IRS), l’organe dédié à la gestion des impôts.

Quant à Foundry, il est désormais déployé dans plusieurs de ces agences, avec le but évident de mêler les données collectées par les différents services du gouvernement fédéral sur sa population.

Employés et représentants politiques inquiets

Début mai, alors que le DOGE se tournait vers Palantir pour opérer ces réunions de données, d’anciens salariés publiaient une lettre ouverte à destination des employés de la Silicon Valley. Celle-ci était titrée « Le nettoyage de la comté », en référence à la Terre du Milieu d’où viennent les Hobbits héros du Seigneur des Anneaux (dans l’œuvre de J.R.R. Tolkien, un palantír est une « pierre de vision », un globe qui permet d’observer des lieux distants dans le temps ou l’espace). Les anciens employés y déploraient que les dirigeants de Palantir aient « abandonné les idéaux de la création » de l’entreprise.

Citant de multiples menaces contre la démocratie – collecte de données relative à des enfants immigrés, ciblage de journalistes, coupure de financement de programmes scientifiques, etc. –, ils soulignaient que « les big tech, dont Palantir, sont complices de ce mouvement, normalisant l’autoritarisme sous le couvert d’une « révolution » menée par les oligarques », et appelaient à « résister à cette tendance ».

Le 18 juin, des sénateurs démocrates adressaient donc à Alex Karp, le PDG de Palantir, une lettre demandant des comptes sur la réalité des différents contrats passés depuis la ré-accession de Trump à la tête des États-Unis. Les élus cherchaient avant tout à revenir sur le contrat conclu avec l’IRS.

Alex Karp, lui, reste idéologiquement très proche de Peter Thiel, et ardemment convaincu d’une supposée supériorité morale de l’Occident. Comme lui, il considère l’industrie technologique et l’intelligence artificielle en mesure de mieux gérer différents défis collectifs que les gouvernements. Un logiciel antidémocratique qui facilite d’autant la fourniture du logiciel Falcon, initialement déployé à l’époque de Barack Obama, pour aider les activités des services de l’immigration états-uniens et leur traque des sans-papiers.

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☕️ Microsoft a lancé un nouvel audit sur le recours de l’armée israélienne à Azure


Après les révélations du Guardian, de + 972 Magazine et de Local Call sur le recours opéré par l’armée israélienne à Azure, Microsoft a annoncé le lancement d’un audit indépendant.

L’entreprise indique que « les conditions d’utilisation standard de Microsoft interdisent [le] type d’utilisation » décrit dans les enquêtes, c’est-à-dire le stockage de données issues d’appels téléphoniques et obtenues par un système de surveillance de masse de la population de Gaza et de Cisjordanie.

Pour mener l’audit, Microsoft déclare recourir aux services du cabinet juridique Covington & Burling LLP et d’une société de conseil indépendante, qu’elle ne nomme pas dans son communiqué. Elle prévoit de « partager les résultats factuels qui seront issus de cette étude, une fois celle-ci terminée ».

La société répète n’avoir jusqu’ici trouvé « aucune preuve que les technologies d’IA et Azure de Microsoft sont utilisées pour cibler ou blesser des personnes dans le conflit qui se déroule à Gaza ». 


Elle indique prendre les inquiétudes du public comme de ses employés au sérieux – la personne qui avait interrompu un discours de Satya Nadella pour protester contre l’implication de l’entreprise dans le conflit à Gaza, en mai 2025, a néanmoins été licenciée. 


La société décrit sa relation avec le ministère de la Défense d’Israël comme « une relation commerciale standard », similaire à celles qu’elle cultive avec d’autres « pays et clients à travers le monde ».

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☕️ L’IA générative de plus en plus utilisée comme agent de voyage

Faire confiance à un chatbot pour organiser ses vacances, une bonne idée ? Tout dépend de la latitude des tâches que vous lui soumettez.

Pour trouver une destination européenne tout en évitant les « grosses chaleurs et la Méditerranée », un vacancier lausannois explique à BFM Tech s’être tourné vers ChatGPT, qui lui a proposé la Scandinavie, l’Écosse ou la Bretagne, puis l’a aidé à planifier un road-trip en France.

Comme lui, un Français sur trois recourrait à l’IA générative pour organiser ses voyages, d’après un sondage Ipsos, dont 53 % des moins de 35 ans. 
Si certains s’en servent pour trouver l’inspiration des destinations et de l’aide dans l’organisation des étapes et points de vue à ne pas manquer, d’autres y recourent aussi pour les parties directement logistiques : vérifier les visas et documents nécessaires, voire s’assurer de la présence d’un bateau, d’un train ou d’un avion à une heure dite.

C’est avant tout sur ces points que les témoignages d’hallucinations problématiques se multiplient.
En Espagne, un couple d’influenceurs a témoigné avoir manqué son avion pour Porto Rico parce que ChatGPT leur aurait dit ne pas avoir besoin de visa.

La machine n’aurait pas précisé qu’un ESTA, une autorisation de voyage électronique, était nécessaire, et la créatrice de contenu affirme que le robot lui a « menti ». Sur TikTok, la vidéo de leurs déboires est rapidement devenue virale.

Une situation déjà expérimentée par un auteur australien ayant raté une conférence en mars dernier après que ChatGPT lui eut répondu qu’il n’avait pas besoin de visa pour se rendre au Chili. Bloqué à l’aéroport, il en avait lui aussi fait une vidéo, rapidement devenue virale et elle aussi brocardée par de nombreux internautes.

Hanna Barakat & Archival Images of AI + AIxDESIGN / Better Images of AI / Frontier Models 2 / CC-BY 4.0

En Malaisie, deux personnes âgées ont de leur côté voyagé plus de 300 km pour profiter d’un téléphérique avec vue, découvert dans une vidéo en ligne. Sur place, rapporte le South China Morning Post, le couple a été forcé d’admettre que la vidéo et la présentatrice TV qui y faisait la présentation de la supposée attraction touristique avaient été entièrement générés par IA.

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L’IA Siri a-t-elle été créée par Luc Julia ? Itinéraire d’une approximation médiatique

Il était une fois l’ego cocorico
L’IA Siri a-t-elle été créée par Luc Julia ? Itinéraire d’une approximation médiatique

Depuis une semaine, une vidéo du youtubeur Monsieur Phi crée la polémique sur le parcours de l’ingénieur Luc Julia. L’approximation médiatique récurrente sur son rôle dans la création de Siri vient désormais illustrer certaines des oppositions qui traversent le milieu francophone de l’intelligence artificielle.

Mise à jour 19 août, 15:30 : ajout de propos d’Adam Cheyer, Tom Gruber et Dag Kittlaus.

Connaissez-vous Luc Julia ? Ingénieur, spécialiste de l’intelligence artificielle, il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont L’intelligence artificielle n’existe pas (First Editions, 2019) ou IA Génératives, pas créatives (Le Cherche midi, 2025). Dans les médias francophones, il est régulièrement présenté comme le père ou le grand-père de Siri, l’assistant intelligent d’Apple. Le qualificatif a pris une telle place, dans la description du parcours de l’ingénieur, que celui-ci a déjà déclaré, en 2019 : « On résume souvent ma carrière à Siri, on me présente souvent comme son grand-père fondateur et pour être honnête, j’en ai un peu marre ».

Six ans plus tard, invité à partager son expertise devant le Sénat, il est présenté par la présidente de la commission des affaires économiques, Dominique Estrosi Sassone, plus ou moins comme nous venons de le faire : « ingénieur informaticien et entrepreneur spécialisé dans l’intelligence artificielle, (…) auteur de plusieurs ouvrages sur ce sujet ». En revanche, sur le site web et la captation vidéo de l’institution, son titre est résumé à « concepteur de Siri ». Et pendant son intervention, plusieurs parlementaires soulignent l’intervention « passionnante » de l’ingénieur, voire sa « clairvoyance cartésienne ».

Pour Thibaut Giraud, alias Monsieur Phi, un tel accueil n’est pas mérité. Au creux du mois d’août, le youtubeur aux 373 000 abonnés publie une vidéo présentée comme un « débunk ». Son titre : « Luc Julia au Sénat : autopsie d’un grand N’IMPORTE QUOI ». Son propos : en 55 minutes, revenir rapidement sur le parcours de l’ingénieur, et démontrer qu’il raconte, donc, « n’importe quoi », en se concentrant « sur les deux minutes finales qui constituent une sorte de conclusion » du propos introductif de Luc Julia face au Sénat. Une décision qui surprend, dans la mesure où l’audition s’étire sur près d’une heure trente (dont une vingtaine de minutes de présentation initiale de l’ingénieur). Une logique qui fait mouche, néanmoins : en une semaine, la vidéo engrange plus de 175 000 vues et crée suffisamment de débats sur X et LinkedIn pour que Luc Julia se retrouve comparé au plagiaire et faux multi-diplômé Idriss Aberkane.

Des brevets et des collaborations 



Pour y voir plus clair, il faut se plonger dans les années 1990 et 2000, phase d’émergence de travaux sur les interactions humains-machine qui, à terme, permettront de créer Siri. En 2011, CNN résume la création de Siri en évoquant le projet de recherche CALO, Cognitive Assistant that Learns and Organizes (Assistant cognitif qui apprend et organise), financé par la DARPA et développé au sein de l’organisation de recherche à but non lucratif SRI International.

D’après son propre curriculum vitae, Luc Julia y a été chercheur de 1994 à 1996, ingénieur de recherche jusqu’en 1998, puis co-fondateur et directeur du Computer Human Interaction Center (CHIC) de 1998 à 2000, époque dont on retrouve des traces dans des rapports d’activité ou des programmes de colloques souvent agrémentés de photos comme celle ci-dessous. Sur place, il signe plusieurs brevets et articles de recherche (dont une sélection est disponible sur la page de son site personnel) avec Adam Cheyer, qui co-fondera la start-up Siri en 2007 aux côtés de Tom Gruber, Norman Winarsky et Dag Kittlaus.

Photo extraite du rapport « Many robots make short work » de l’équipe de robotique mobile de SRI International

À l’entrée dans le nouveau millénaire, les chemins de Luc Julia et du futur assistant intelligent se séparent. L’ingénieur français quitte SRI International pour co-fonder BravoBrava, un incubateur installé dans la Silicon Valley, dans laquelle travaille une petite équipe d’ingénieurs « français pour la plupart », d’après le récit qu’il en fait à l’époque à 01net. Dans les années qui suivent, il co-fondera plusieurs sociétés (Soliloquy Learning, Orb Networks) avant de devenir directeur technique chez Hewlett Packard en 2010.

Pendant ce temps, chez SRI, Adam Cheyer s’associe à trois collègues pour fonder la société Siri inc., en recourant notamment à certains des brevets co-signés avec Luc Julia (Tom Gruber et Dag Kittlaus confirment auprès de plusieurs internautes que Luc Julia n’a pas participé à la création de l’entreprise, ni du produit qui ferait son succès). Dès le départ, l’un des intérêts de l’assistant porte dans sa capacité à gérer des demandes en langage naturel, c’est-à-dire de permettre à l’usager de l’interroger en lui parlant en langue commune. À l’origine, raconte le HuffPost, Siri est pensé pour être connectable à toute une variété de services numériques, de Yelp à Rotten Tomatoes.

En 2010, Apple le rachète et décide de cantonner ses premières capacités à iOS. Ce faisant, la société de Steve Jobs efface un précédent accord signé avec Verizon, selon lequel Siri aurait été installé par défaut sur tous les appareils équipés d’Android. En deux ans, presque tous les co-fondateurs du service partent de l’entreprise.

Trois semaines après que Siri a été re-lancé sur les iPhone, alors que Dag Kittlaus quitte le projet, Luc Julia est appelé pour le remplacer comme directeur technique. En 2012, c’est au tour d’Adam Cheyer de s’en aller. La même année, dix mois après son arrivée, Luc Julia rejoint Samsung comme directeur technique. Il y restera jusqu’en 2021, année lors de laquelle il devient directeur scientifique de Renault Group. Contactés, ni Luc Julia ni Adam Cheyer n’ont répondu à Next à l’heure de publier ces lignes.

Dans une interview donnée à la podcasteuse Danielle Newnham, Adam Cheyer cite néanmoins Luc Julia parmi les collègues dont les travaux ont permis d’aboutir à la création de Siri. Sur LinkedIn, appelant à dégonfler la polémique, il souligne aussi que son implication peut se comprendre différemment selon la chronologie adoptée.

« Si Luc [Julia] n’a pas travaillé sur les brevets les plus importants (à mon avis) utilisés pour créer Siri, la start-up Siri avait des licences pour cinq brevets co-signés par Luc, donc il ne serait pas parfaitement exact de dire qu’il n’a rien à voir avec la création de Siri », écrit Adam Cheyer sur LinkedIn le 19 août 2025

Un génie français des technologies ? Je clique

De directeur de Siri pendant moins d’un an à « père de Siri », on peut en revanche admettre qu’il y a un raccourci allègrement franchi. Et Thibaut Giraud nous le dit : « J’ai voulu creuser ce titre de « co-créateur de Siri » en me disant que c’était peut-être un peu gonflé ». Mais qui a provoqué ce gonflement ? Dans quelle mesure cela fait-il de Luc Julia un Idriss Aberkane en puissance ? D’après nos recherches, la surestimation fréquente du rôle de l’ingénieur dans la création de l’assistant d’Apple est avant tout… le fait des médias francophones.

En 2016, le média Belgium-iPhone (à l’époque « On refait le Mac ») publie ce qui semble être la première occurrence de ce qualificatif, effaçant la dimension collective du travail scientifique et technologique. Si l’entretien est titré « Luc Julia, le père de Siri parle! », celui-ci précise clairement : « Je n’avais aucun rôle dans la boite SIRI à l’époque, je n’étais pas l’un de ses fondateurs ». Il explique avoir créé aux côtés d’Adam Cheyer, en 1997, « the Assistant », un projet dont le fonctionnement permettrait ensuite de construire l’outil qu’Apple allait racheter.

À partir de cette interview télévisée, et encore plus à partir de 2018, les articles qualifiant Luc Julia de « père » (Orange), de « créateur » (De quoi j’me mail, aujourd’hui chez BFM), ou d’« inventeur » (Le Monde) de Siri se multiplient, régulièrement accompagnés d’une nuance dans le corps de l’article (« Luc Julia (…) s’en considère plutôt comme le grand-père », dans l’ Usine Nouvelle).

On devine dans ce raccourci l’envie de jouer sur le récit du génie technologique, qui plus est français – titrer un article de cette manière est a priori plus alléchant que de préciser « l’homme qui a co-déposé un des brevets ayant servi à fabriquer Siri, puis dirigé le projet pendant 10 mois ». On peut aussi y lire le manque de recul qui accompagne régulièrement le traitement médiatique de l’industrie technologique. Et peut-être, au fil des ans, une relative complaisance de Luc Julia pour cette présentation récurrente.

Le piège du YouTube clash ?

Et puis vient la question de l’intervention de Luc Julia face au Sénat, le 18 juin dernier. Auprès de Next, Thibaut Giraud explique que cette intervention a été, pour lui, l’occasion de réaliser que Luc Julia avait « davantage d’influence politique que ce que j’imaginais jusque-là : il est notamment au conseil d’administration de Radio France, nommé par l’Arcom, et au comité sur l’intelligence artificielle générative », réunion temporaire qui a rendu son rapport au gouvernement en mars 2024. Il indique ne pas avoir contacté l’ingénieur en amont de la publication de sa vidéo, mais accepter de le voir publier un droit de réponse sur sa chaîne « s’il le souhaite ».

Dans sa vidéo, le youtubeur démontre aussi que beaucoup des éléments présentés par l’ingénieur aux parlementaires sont des reprises d’éléments déjà prononcés ailleurs, lors de conférence ou d’interview. Une dynamique qui peut s’expliquer par les sollicitations régulières de Luc Julia pour vulgariser, c’est-à-dire expliquer à un public non technicien, le rôle et les impacts potentiels de l’intelligence artificielle.

Cela dit, Thibaut Giraud estime que ce rôle de conférencier n’excuse pas les approximations, notamment celle consistant à déclarer un système comme ChatGPT pertinent dans seulement 64 % de ses résultats. Auprès de Next, le youtubeur estime essentiel de souligner « qu’il n’y a pas de taux d’hallucination général : c’est très différent selon la tâche, et même selon le prompt pour une même tâche. Donc pour comparer cela sérieusement, il vaut mieux déjà comparer les modèles sur une même tâche avec un même prompt. »

Au cours de ses 55 minutes de « débunk », le youtubeur paraît aussi relativement agacé par le succès de Luc Julia face à son auditoire. Il faut le lui accorder : Luc Julia fait le show, et les élus en semblent ravis, saluant une présentation « géniale » et le « franc-parler » de leur auteur. La scène en évoque plusieurs autres, repérées aussi bien dans les ouvrages Empire of AI, de la journaliste Karen Hao, Careless people, de l’ex-directrice des affaires publiques de Meta Sarah Wynn-Williams que the Tech Coup, de l’ex-eurodéputée Marietje Schaake : chacune souligne la fascination d’une bonne partie des élus européens ou états-uniens pour des personnalités comme Sam Altman, Mark Zuckerberg ou d’autres représentants de l’industrie numérique.

Les chapelles de l’IA

Derrière ce débat estival sur l’expertise réelle ou supposée de Luc Julia, et sur les propos qu’il a tenu face aux élus français, se joue aussi la question des points de vue sur l’intelligence artificielle. Auprès de Next, Thibaut Giraud, qui annonce préparer un livre intitulé La Parole aux machines pour le mois d’octobre (aux éditions Grasset), déclare « qu’il faudrait se préoccuper bien davantage des questions de sécurité de l’IA. Les questions relatives à la perte de contrôle et aux problèmes d’alignement sont très importantes. » Des thématiques qu’il a développées dans une vidéo intitulée « o1 et Claude sont-ils capables de nous MANIPULER ? »

Dans sa production dédiée aux propos de Luc Julia, le vidéaste reprend par ailleurs des extraits d’un débat organisé par un de ses collègues, le vidéaste et podcasteur Le Futurologue. Quelques jours avant l’audition au Sénat, ce dernier a en effet publié un débat entre Luc Julia et Maxime Fournes, le fondateur du chapitre français de l’association Pause IA, qui demande une pause dans le développement de l’IA au motif que cette dernière présente des risques existentiels. Lors de cet échange, Luc Julia n’avait pas mâché ses mots, appelant à plusieurs reprises l’activiste à cesser de « dire n’importe quoi ».

Pour Luc Julia, c’est très clair, et annoncé dès le début du débat (et dès le titre de ses ouvrages) : l’intelligence artificielle « n’existe pas », en tout cas pas au sens de ces êtres conscients auxquels prépare « Hollywood ». Mieux : l’IA, « c’est des mathématiques », et aucune entité n’existera au sens hollywoodien « tant que ce seront des mathématiques ». Pour l’ingénieur, les IA « sont des outils, et comme tous les outils, on peut les utiliser à bon ou mauvais escient ».

Un point de vue bien différent de celui du spécialiste des réseaux de neurones artificiels Geoffrey Hinton, prix Nobel de physique. Luc Julia balaie la remarque : « Il a pété une durite ». Se faisant l’écho de débats qui avaient agité le milieu à l’époque, l’ingénieur considère que le comité organisateur du prix Nobel a lui-même « pété une durite », pour attribuer des prix de physique et chimie à des informaticiens. À l’inverse, Maxime Fournes et Thibaut Giraud tendent à se ranger derrière les propos d’un Geoffrey Hinton ou du spécialiste de l’apprentissage profond Yoshua Bengio.

Avec ces vidéos, repartagées par Maxime Fournes ou encore Laurent Alexandre – contre lequel Luc Julia ne s’est pas privé d’envoyer une pique salée à la fin de son audition au Sénat –, il semble que le petit milieu francophone de la tech re-joue, à sa manière, une partie des débats que décrivaient les scientifiques Bilel Benbouzid, Yannick Meneceur et Nathalie Alisa Smuha dans leur article de 2022 « Quatre nuances de régulation de l’intelligence artificielle ». Avec, dans le rôle des promoteurs de l’IA comme potentielle entité consciente, demandant le déploiement du champ de la sécurité de l’IA, Thibaut Giraud/Monsieur Phi et Maxime Fournes, et dans celui du défenseur de l’IA comme outil aux impacts concrets et déjà présents sur les usagers, l’environnement et l’économie (tout en critiquant l’AI Act)… Luc Julia.

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☕️ Un activiste conservateur conseillera Meta sur la lutte contre les biais politiques de ses IA

Cinéaste, journaliste, activiste anti-diversité, Robby Starbuck a porté plainte fin avril contre Meta. En cause : le robot conversationnel Meta AI, qui avait diffusé des informations « manifestement fausses et diffamatoires », indique la plainte, selon lesquelles l’homme aurait participé à l’attaque du Capitole, à Washington, le 6 janvier 2021, et été arrêté pour un délit mineur. Ce jour-là, Robby Starbuck était chez lui, dans le Tennessee.

Robby Starbuck a découvert le pot aux roses à l’été 2024, alors qu’il incitait en ligne les marques Tracter Supply, John Deere et Harley-Davidson à supprimer leurs politiques d’inclusion (diversité, équité, inclusion, DEI). En réponse, un des concessionnaires du constructeur de motos avait publié une capture d’écran de discussion avec Meta, accusant Starbuck d’avoir pris part à l’émeute du Capitole, mais aussi d’être un adepte de la mouvance conspirationniste QAnon.

Un an plus tard, après diverses demandes officielles – processus en parallèle duquel Robby Starbuck et sa famille se sont vus adresser des menaces de mort –, l’homme a porté plainte, appelant Meta à protéger les internautes contre la diffamation produite par ses technologies.

De fait, les affaires d’hallucination de propos trompeurs, voire dangereux sont multiples : en 2023, on a vu ChatGPT générer un texte semblant accuser une personne réelle d’une affaire de harcèlement inexistante, et en mars 2025, OpenAI a été poursuivi en justice par un internaute Norvégien après que la machine a produit un texte l’accusant d’avoir tué deux de ses enfants, et tenté d’assassiner le troisième.

Rappelons que les messages créés par ces outils sont des textes générés statistiquement, en fonction d’une requête donnée, et en s’appuyant sur le corpus des données d’entraînement.

En ce mois d’août, Meta et Robby Starbuck ont fini par trouver un accord, rapporte The Verge.

L’activiste anti-inclusion doit notamment conseiller l’entreprise sur les manières d’effacer les biais politiques de ses outils d’IA.

Un projet sur lequel bon nombre de scientifiques se sont cassés les dents.

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Sécheresse : pour économiser de l’eau, le Royaume-Uni appelle à supprimer ses mails

IA soif
Sécheresse : pour économiser de l’eau, le Royaume-Uni appelle à supprimer ses mails

Face à la sécheresse, le Royaume-Uni appelle ses citoyens à supprimer vieux e-mails et vieilles images. L’occasion d’étudier l’utilité de la mesure et de rappeler quelques éléments sur la consommation en eau des infrastructures numériques.

Le Royaume-Uni vient de subir le cinquième mois de juillet le plus chaud jamais enregistré, et de passer les six mois les plus secs depuis 1976. Résultat : cinq régions sont en état de sécheresse, et six autres traversent une période inhabituellement prolongée d’absence de précipitation, au risque d’être bientôt déclarées, elles aussi, en situation de sécheresse.

Pour faire face, des restrictions d’accès à l’eau ont été déclarées dans certaines zones, et le groupe national de lutte contre la sécheresse (National Drought Group) a appelé le grand public à suivre quelques recommandations simples.

Parmi elles, fermer les robinets, réparer les toilettes qui fuient, éviter d’arroser les pelouses… ou effacer ses vieux e-mails et ses vieilles images. En effet, justifie l’organisme dans un communiqué, « les centres de données nécessitent de larges volumes d’eau pour refroidir leurs systèmes ».

Le retour du come-back de la suppression des mails

Cette idée à la vie dure auprès des internautes comme des politiques. L’année dernière, Arcep et Ademe publiaient leur baromètre du numérique : « la prise de conscience environnementale numérique n’en est qu’à ses balbutiements au sein de la population, les usages les plus efficaces n’étant pas les mieux repérés ». Selon l’observatoire, le tri et le nettoyage de sa boîte mail est plébiscité par 42 % des internautes, ne pas laisser ses équipements en charge toute la nuit par 39 % et augmenter de la durée de vie des appareils par 38 %.

« Parmi les trois principaux usages cités, seul l’un d’entre eux est ainsi de nature à avoir un impact notable sur l’empreinte environnementale du numérique » : ce n’est pas le tri des e-mails ni la charge de nuit, mais augmenter la durée de vie des terminaux (puisque leur empreinte vient en grande partie de la fabrication).

Pour Frédéric Bordage (Green IT), « les impacts ajoutés par cette action sont à peine compensés par le faible espace économisé sur les serveurs qui stockent ces courriels à distance », rappelle Le Monde dans un article intitulé « non, vider sa boîte e-mail n’est pas le geste le plus important pour l’environnement ».

Et puisqu’on parle de la place occupée par les emails, ne pourrait-on pas lutter contre le spam avec des emails en quantités astronomiques ? Les supprimer ou au moins les limiter fortement aurait à n’en pas douter une incidence sur la quasitotalité des boites emails.

Supprimer les vieilles correspondances ou freiner l’usage de l’IA ?

Si elle reste utilisée pour vulgariser les effets concrets de l’infrastructure et des usages numériques sur l’environnement, la proposition de supprimer des e-mails pour réduire ces impacts est donc ardemment contestée dans le champ technologique. Comme le détaillaient les chercheurs Thomas Beauvisage et Jean-Samuel Beuscart début 2023, la discussion se perpétue au fil des ans, fautes de chiffres consolidés qui permettent de s’assurer que chacun calcule la même chose lorsqu’ils s’agit d’estimer l’empreinte écologique de l’industrie.

L’urbaniste Cécile Diguet et la développeuse Anaïs Sparesotto expliquaient quant-à-elles à Next, dans la série Écosystème, que la multiplication des images et des vidéos avaient bien participé à accroître le poids des usages numériques sur les infrastructures numériques, donc l’impact de ces dernières sur la planète.

Surtout, depuis bientôt trois ans, une nouvelle pratique vient bousculer et effectivement démultiplier les impacts de la filière technologique : l’intelligence artificielle générative. L’entraînement comme l’utilisation de ces outils démultiplie aussi bien la consommation en énergie que celle en eau des centres de données.

Ces consommations varient néanmoins selon la zone géographique, ainsi que la taille et le fonctionnement des centres de données, entre autres paramètres. Certains data centers refroidissent leurs serveurs grâce à de l’air ; d’autres à des systèmes adiabatiques, c’est-à-dire à de l’eau ; d’autres encore, plus rares et plus petits, plongent leurs équipements dans l’huile.

Aux États-Unis, où les géants numériques recourent volontiers à l’eau pour refroidir leurs systèmes, utiliser GPT-3 reviendrait à consommer un demi-litre d’eau pour générer une dizaine de réponses, tandis qu’elles permettront d’en produire une trentaine aux Pays-Bas.

Quoi qu’il en soit, des hyperscalers (centre de données de très grande taille) comme les trois qu’Amazon est en train d’installer en Espagne peuvent consommer l’équivalent en eau de 230 hectares de cultures de maïs. Soulignons par ailleurs que l’essentiel de l’eau utilisée pour refroidir les centres de données qui recourent à ces technologies hydriques est, pour l’essentiel, potable.

Zone de croissance de l’IA

Si appeler à réduire les consommations hydriques des centres de données pour faire face à une sécheresse semble relativement neuf, ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le Royaume-Uni doit composer avec l’empreinte de ces bâtiments. À Londres, des projets de logements ont été suspendus en 2022 faute de pouvoir assurer leur approvisionnement en électricité.

Début 2025, le pays prévoyait tout de même des « Zones de croissance de l’IA », pensées pour faire du Royaume-Uni un leader dans le domaine. L’une de ces zones a notamment été prévue dans la région de Culham, près du premier nouveau lac de barrage construit sur les trente dernières années, pour alimenter en eau les habitants du Sud-est du pays, la région la plus exposée du pays au manque d’eau.

L’annonce avait eu tôt fait de soulever des interrogations sur les conflits d’usage susceptibles d’émerger.

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☕️ Sam Altman veut créer un Merge Labs, concurrent direct à Neuralink

OpenAI et son cofondateur Sam Altman vont financer une nouvelle start-up dont l’objet consistera à connecter les cerveaux humains aux ordinateurs, notamment en recourant à des technologies d’intelligence artificielle.

Nommée Merge Labs, cette nouvelle société entrera directement en compétition avec Neuralink, propriété d’Elon Musk.

Le nom « Merge » fait directement référence à l’une des expressions courantes dans la Silicon Valley : sur place, les mots « the merge » se réfèrent généralement au moment où humains et machines seraient réunis (Sam Altman s’est fendu dès 2017 d’un billet de blog sur le sujet).

Merge Labs est en train de collecter suffisamment de fonds pour atteindre directement une valorisation de 850 millions de dollars, d’après le Financial Times. Ces financements seraient essentiellement issus d’OpenAI.

Outre promouvoir l’investissement, Sam Altman devrait aider personnellement au lancement de Merge Labs, aux côtés d’Alex Blania, directeur d’un autre projet cofondé et financé par le patron d’OpenAI : World ID, qui construit un système d’identification numérique par l’empreinte de l’iris.

Outre ses activités propres, Merge Labs ressemble à une pierre de plus dans le jardin de la relation entre Sam Altman et Elon Musk. Si les deux ont cofondé OpenAI ensemble, Musk a quitté le projet en 2018, fondé xAI en 2023, et intenté un procès contre OpenAI (abandonné depuis) pour empêcher son passage d’organisation à but non lucratif à organisation privée.

Ce 11 août, Elon Musk a par ailleurs accusé Apple de favoriser OpenAI en plaçant ChatGPT plus haut que son système Grok dans l’App Store, menaçant de poursuivre l’entreprise à la Pomme. Apple lui rétorque que l’App Store est « juste et exempt de préjugés », comme le rapporte Bloomberg.

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Pour surveiller les Palestiniens, l’armée israélienne s’appuie largement sur Microsoft

Nuage toxique
Pour surveiller les Palestiniens, l’armée israélienne s’appuie largement sur Microsoft

Depuis 2022, l’armée israélienne a conclu un accord suffisamment vaste avec Microsoft pour que la société stocke 11 500 To de données, largement issues d’un programme de surveillance et de ciblage de la population palestinienne construit par l’unité 8200.

L’agence de surveillance de l’armée israélienne équivalente à la NSA, l’unité 8200, s’est appuyée sur les vastes capacités de stockage d’Azure pour construire un système de surveillance d’ampleur inégalée contre la population palestinienne, selon les informations de la publication israélo-palestinienne + 972 Magazine, du magazine hébreu Local Call et du Guardian.

L’unité 8200 se serait tournée vers le géant états-unien après avoir constaté qu’elle n’avait ni l’espace de stockage ni les capacités de calcul nécessaires pour gérer les appels téléphoniques d’une population complète. Opérationnel depuis 2022, le projet serait résumé au sein de l’armée de manière simple : enregistrer « un million d’appels par heure ».

Pour s’assurer le soutien de Microsoft, le commandant de l’unité 8200 Yossi Sariel s’est rendu à Seattle pour rencontrer le directeur exécutif de Microsoft Satya Nadella dès 2021. Le but : obtenir l’accès à un cloud Azure indépendant et sécurisé, construit en fonction des besoins spécifiques de l’armée israélienne. D’après les documents consultés par les trois médias, une large part de ces données sensibles seraient stockées dans des centres de données européens, aux Pays-Bas et en Irlande.

« Aucune preuve à date »

Microsoft indique ne disposer d’aucune information sur le type de données traitées par l’Unité 8200. Cela dit, l’entreprise étasunienne est sous une pression croissante, tant de ses employés que de ses investisseurs.

Après de premières révélations des trois mêmes médias sur le recours accru de l’armée israélienne à divers outils d’IA et au cloud d’Azure, en janvier dernier, la société a lancé un audit externe. En mai 2025, elle indiquait n’avoir « aucune preuve à date » de l’usage d’Azure ou de ses produits d’IA « pour cibler ou attaquer des personnes ».

Un dirigeant de Microsoft indique par ailleurs que l’entreprise avait expressément indiqué à divers dirigeants de l’armée israélienne que leurs produits ne devaient pas être utilisés pour de l’identification de cibles pour des frappes mortelles.

Bombardement post-appels

C’est pourtant bien le scénario que le récit de diverses sources du Guardian, de + 972 et de Local Call laisse deviner. D’après trois personnes de l’Unité 8200, la plateforme Azure de cette unité aurait avant tout permis de préparer des frappes mortelles et de gérer des opérations militaires tant à Gaza qu’en Cisjordanie.

L’immense dépôt d’appels téléphoniques aurait spécifiquement servi à identifier des cibles de bombardements – y compris lorsque ceux-ci se trouvaient dans des zones densément peuplées, notamment de populations civiles.

22 mois après le début de la contre-offensive israélienne, plus de 60 000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza (dont 18 000 enfants) et plus de 86 000 ont été blessés. 2,1 millions de personnes sont par ailleurs en insécurité alimentaire aigüe, dont 470 000 personnes en situation de famine, qui perdure à cause du blocage quasi-total de l’aide humanitaire, en place depuis mai 2025.

Surveillance en Cisjordanie étendue à Gaza

Surtout, la priorité initiale du projet concernait la Cisjordanie, où 3 millions de Palestiniens et Palestiniennes vivent sous l’occupation militaire d’Israël. D’après des membres de l’unité 8 200, les informations stockées dans le cloud Azure permettent aux membres de l’armée de faire chanter, placer en détention, voire justifier l’assassinat des personnes ciblées.

Acteur principal de cette « révolution » technologique, le directeur de l’Unité 8200 Yossi Sariel, actif à ce poste de 2021 à fin 2024, aurait décidé de « tracer tout le monde, tout le temps » après une série d’attaques mortelles réalisées en 2015, au couteau, par de jeunes palestiniens.

En l’occurrence, il a œuvré à ajouter une surcouche d’outils d’IA à un vaste projet de surveillance de la population cisjordanienne. Auteur d’un livre sur les programmes d’intelligence artificielle à visée militaire (qui a permis de l’identifier alors que son identité était tenue secrète), Yossi Sariel a démissionné fin 2024, faute d’être parvenu, malgré ses programmes technologiques, à empêcher l’attaque du 7 octobre 2023 sur le territoire israélien. Celle-ci avait fait 1 200 morts et plus de 5 000 blessés.

En pratique, un système comme celui nommé par l’unité « messages bruyants » consiste par exemple à scanner l’intégralité des messages textes échangés et de leur assigner un score de risques et un signalement s’il contient des termes estimés suspects. « Brusquement, l’intégralité du public était notre ennemi », décrit l’une des sources du Guardian. Depuis la tête de l’unité 8200, Sariel a rapidement pris contact avec Microsoft pour étendre encore le projet.

À l’heure actuelle, les appels de la population palestinienne sont généralement stockés pour une durée d’un mois, sauf s’il est décidé de les garder plus longtemps. Cela permet aux militaires de retourner en arrière lorsqu’une personne devient une cible potentielle, soit l’inverse du procédé précédent, qui obligeait à pré-sélectionner des cibles avant d’intercepter et de stocker leurs échanges.

Un commandant technophile… et proche du PDG de Microsoft ?

Microsoft indique n’avoir aucune connaissance des activités précises de l’unité 8200 via ses services, et avoir été sollicité avant tout pour protéger Israël de cyberattaques terroristes ou étrangères.

D’après des documents internes, Yossi Sariel n’aurait effectivement pas explicité le but de ses actions à Satya Nadella – il aurait simplement évoqué des « masses sensibles » de données secrètes à stocker. Les ingénieurs en charge de la mise en œuvre du projet auraient néanmoins rapidement compris que celui-ci visait à stocker des informations brutes issues d’activités de surveillance, fichiers audio compris. Certains de ces spécialistes seraient par ailleurs des anciens de l’Unité 8200, relève + 972, ce qui aurait rendu la collaboration « beaucoup plus simple », d’après l’une de ses sources.

La relation entre Yossi Sariel et Satya Nadella est aussi sujette à interrogation. Si Microsoft nie toute proximité autre que pour raisons d’affaires, des documents internes montrent néanmoins que le PDG de l’entreprise a offert son soutien pour que le commandant israélien puisse faire transférer une large part des données sensibles traitées par l’unité 8200 vers des serveurs Microsoft. Au sein de l’unité, plusieurs personnes affirment par ailleurs que Yossi Sariel se serait « vanté » de son lien avec le patron de Microsoft – l’ex-commandant a refusé tout commentaire.

La délégation du militaire vers le secteur privé à laquelle il a œuvré a par ailleurs pris une telle ampleur que certains membres de l’unité 8200 ne la voyaient pas d’un bon œil, que ce soit pour des questions de coûts ou de dépendance technique. Sur la question du stockage extraterritorial des données, le ministère de la Justice israélien a souligné dès 2022 que la France et l’Allemagne avaient chacune des lois obligeant les entreprises à vérifier l’absence de violations des droits humains le long de leur chaine d’approvisionnement, ce qui aurait pu constituer un risque sur ces territoires, et que les Pays-Bas discutaient un texte similaire.

Déployé dans le plus grand secret en interne, le projet aurait conduit Microsoft à héberger, en date du mois de juillet 2025, 11 500 téraoctets de données militaires israéliennes, soit l’équivalent de 200 millions d’heures de son. L’essentiel se situe en Europe, et une plus petite part en Israël.

D’après des documents internes, avant la guerre actuelle, Microsoft voyait dans sa relation croissante avec l’unité 8200 un succès commercial, susceptible de générer des centaines de millions de dollars de chiffres d’affaires sur cinq ans. En face, divers documents montrent que les dirigeants de l’unité 8200 envisagent le cloud Azure comme une possibilité de stockage « infinie ».

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« Vol de salaires » : comment la filiale de Scale AI Outlier traite les travailleurs du clic

Aberration
« Vol de salaires » : comment la filiale de Scale AI Outlier traite les travailleurs du clic

Alors qu’une société comme Scale AI tire largement profit de l’explosion de l’intelligence artificielle générative, le traitement qu’elle réserve aux travailleurs et travailleuses des données interroge.

Au Royaume-Uni, fin 2024, quiconque cherchait de quoi se faire un peu d’argent pouvait se tourner vers le programme d’entraînement de grands modèles de langage Outlier. À une condition près : accepter de n’être payé que 15 dollars de l’heure, soit à peine quelques centimes au-dessus du salaire minimum local.

Seconde condition, que certains travailleurs n’allaient découvrir qu’au fil des tâches : le temps passé à se former pour ces tâches n’était pas payé. Le temps passé à discuter avec les managers, les temps de pause, les réunions, les vacances, rien de tout cela n’était payé. Et si les intéressés tentent de faire des heures supplémentaires, celles-ci sont payées à un taux plus faible – autant de pratiques relativement récurrentes dans l’économie de la plateforme.

Outlier est une filiale de la société Scale AI, spécialiste de l’entraînement des systèmes d’IA dont Meta a racheté 49 % des parts pour 14 milliards de dollars fin juin, et débauché le fondateur Alexandr Wang.

Activités non payées

Que ce soit au Portugal, aux États-Unis, en Allemagne ou en Argentine, la cinquantaine de travailleurs des données interrogés par Algorithm Watch témoignent de pratiques similaires. S’ils incluaient le temps passé en formation, en travail administratif ou en réunion au calcul de leur temps dédié à entraîner des systèmes d’IA, alors le salaire perçu pour leurs tâches d’entraînement serait inférieur aux minimums légaux de chacun de leurs pays.

D’après les sociologues Milagros Miceli et Antonio Casilli, les pratiques consistant à ne pas rémunérer les périodes d’onboarding ou d’heures supplémentaires constituent du « vol de salaires ». D’autant que certains indiquent se retrouver coincés à effectuer des tâches dont le temps de réalisation est indiqué d’une heure, mais qui sont en réalité « trop complexes pour être réalisées en temps et en heure, si bien que la personne réalise bientôt qu’elle dépense bien plus de temps dans cette activité que ce que cette dernière doit leur rapporter ».

De fait, selon une étude menée en 2022 auprès d’employés des pays du sud, près de 34 % du temps alloué aux plateformes d’entrainement de système d’IA n’était pas payé. Auprès de Next, Antonio Casilli qualifiait l’IA d’industrie extractiviste, tant pour ses besoins en ressources matérielles et en énergie que pour le traitement qu’elle réservait aux entraîneurs et modérateurs de ses différents modèles.

Suspension inexpliquées et salaires non versés

Dans certains cas, les travailleurs ne sont même pas payés pour leurs activités, que ce soit à cause de divers bugs techniques décrits par la journaliste Karen Hao dans son enquête Empire of AI (Penguin Random House, non traduit), ou pour d’incompréhensibles suspensions de comptes. Auprès d’Algorithm Watch, un travailleur indien explique ainsi y avoir passé cinq heures par jour, pendant trois jours, pour l’équivalent de 20 à 30 dollars.

« Alors que j’attendais le paiement, ils m’ont envoyé un e-mail m’informant que j’avais enfreint leur politique et suspendu mon compte, indique-t-il au média. Lorsque je les ai contactés, je n’ai reçu aucune réponse satisfaisante. Je n’ai pas été payé du tout. » Alors que le patron de Scale AI déclarait en 2023 s’engager pour que les travailleurs de l’IA perçoivent des « salaires décents », les enquêtes qui montrent l’inverse s’accumulent.

Plusieurs affaires judiciaires aux États-Unis

Fondée en 2016 par Alexandr Wang, Scale AI s’est attirée les financements du Founders Fund de Peter Thiel, qui y a versé 100 millions de dollars en 2019, avant d’être suivi par Amazon et Meta. Parmi ses clients, l’entreprise compte Accenture, SAP ou encore Deloitte en Europe, et la plupart des acteurs de l’IA (Meta, OpenAI, Alphabet) aux États-Unis.

Dans la mesure où les pratiques salariales problématiques se multiplient – beaucoup de travailleurs se plaignent aussi de l’absence de régularité des tâches disponibles –, trois plaintes ont été déposées devant des tribunaux californiens contre plusieurs acteurs de l’entraînement de l’IA.

Dans l’une d’elle, déposée en décembre 2024, l’ancien contractuel Steve McKinney accuse Scale AI de « vol de salaire » et de « mauvaise classification des travailleurs ». La plainte comporte par ailleurs une mention de tactiques trompeuses, avec des promesses de salaire horaire de 25 dollars au moment de l’embauche, pour ensuite n’en verser qu’une portion une fois le travail effectué.

Une autre, déposée en janvier 2025, affirme que Scale AI aurait « délibérément refusé de payer des heures supplémentaires » et d’autres indemnités légales. Une troisième, déposée à la fois contre Scale AI, Outlier et HireArt, accuse les différents programmes et sociétés d’avoir mis fin aux emplois de 500 personnes sans respecter la durée légale de préavis.

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☕️ Copyright : Anthropic pourrait faire face à la plus grande class action jamais réunie

Une action de groupe qui pourrait « ruiner financièrement » l’intégralité de l’industrie de l’IA, si les plus de 7 millions de requérants potentiels finissent par rejoindre le litige et imposer une forme de règlement financier.

Telle est l’action judiciaire face à laquelle Anthropic a fait appel il y a quelques jours aux États-Unis, estimant que si l’action suivait son cours, elle pourrait se retrouver à devoir payer des « centaines de milliards de dollars de dommages et intérêts » à l’issue d’un procès qui doit se tenir dans quatre mois.

En jeu, rappelle Ars Technica : le droit des auteurs de plus de sept millions d’œuvres, dont chaque auteur ou ayant-droit pourrait potentiellement se joindre à l’action et déclencher une amende susceptible de s’élever à 150 000 dollars.

Face à la justice, Anthropic souligne qu’elle pourrait décider plus prudent de trouver un accord à l’amiable en amont du procès, plutôt que de présenter des moyens de défense de ses modèles d’IA lors de ce dernier. L’entreprise s’inquiète de créer là un précédent pour toute l’industrie de l’IA, dans la mesure où les plaintes sur les questions de copyrights sont nombreuses.

Plusieurs groupes de défense des droits des auteurs soutiennent Anthropic dans sa requête, parmi lesquelles l’Authors Alliance, l’Electronic Frontier Foundation, l’American Library Association, l’Association of Research Libraries et Public Knowledge.

Ensemble, ces entités ont souligné que le format de l’action collective était complexe à mettre en œuvre pour des enjeux de droits d’auteur, et que l’affaire des Google Books avait déjà démontré la complexité, pour les auteurs, de faire valoir leurs droits, avoir connaissance du procès en cours, et éventuellement récupérer les dommages et intérêts qui leur étaient dus.

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☕️ États-Unis : sur le marché de l’occasion aussi, le prix des Tesla continue de plonger

Alors que le prix à la revente des cybertruck traduit les difficultés de Tesla à remonter dans l’estime de la population, un acquéreur bien spécifique a signifié son intérêt pour deux véhicules de ce type : l’armée des États-Unis, qui a décidé de s’en servir… comme cible d’entraînement.

Quand bien même le pick-up électrique avait été présenté comme véhicule du futur, totalisant plus de 180 000 pré-commandes quelques jours à peine après avoir été dévoilé en 2019, voilà que son prix moyen de revente a plongé de plus de 30 % sur un an aux États-Unis.

À ses côtés, repère Gizmodo, le prix moyen de rachat de n’importe quel véhicule Tesla est désormais passé sous la moyenne du prix de rachat des véhicules aux États-Unis (qui se situe à 28 048 dollars). À 27 852 dollars, le montant des Tesla d’occasions encaisse une baisse de 14 % sur un an, tiré vers le bas par les engagements et action politique du patron de la marque.

D’après The War Zone, il y a bien un acteur intéressé par les véhicules : l’armée des États-Unis vient en effet de se porter acquéreur de deux Cybertruck pour en faire des cibles d’entraînements.

S’ils sont les seuls à être explicitement nommés, les véhicules électriques sont néanmoins cités aux côtés de plusieurs modèles de voitures dans les documents officiels. 
L’armée ne suffira pas à renflouer les caisses de Tesla avec cet usage inhabituel, cela dit : elle indique que les modèles recherchés n’ont « pas besoin d’être en état de marche ».

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