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Les Fantômes : un thriller d'espionnage terrifiant inspiré d'une histoire vraie

Les Fantômes, thriller saisissant et terrible histoire vraie

Les Fantômes est en salles et il est à ne surtout pas rater. Son réalisateur est Jonathan Millet, qui s'est auparavant fait remarquer avec plusieurs documentaires dont Ceuta, douce prison et de nombreux courts-métrages. Les Fantômes est son premier long-métrage de fiction. Celui-ci s'inspire néanmoins de faits réels, et d'une barbarie qui a déjà été documentée mais dont l'appartenance à un passé immédiat et sous silence fait que sa reconnaissance est encore entourée d'une forme de "brouillard de guerre".

Les Fantômes
Les Fantômes ©Memento Distribution

Les Fantômes nous emporte, très peu de temps après la fin de la récente guerre civile syrienne, dans la traque d'un criminel de guerre syrien, tortionnaire à la terrible prison de Saidnaya. Dans cette prison, souvent décrite comme un "camp d'extermination", des milliers d'opposants au régime de Bachar Al-Assad ont perdu la vie, sous la torture ou exécutés, à la chaîne, par pendaison. Selon Amnesty International, environ 30 000 détenus y seraient morts entre 2011 et 2018.

Un film paranoïaque et inquiétant

Sur cette terrible réalité, que Jonathan Millet laisse totalement hors champ et ne suggère jamais autrement que par les mots, rares, des personnages, Les Fantômes propose un thriller d'espionnage anti-spectaculaire mais parfaitement haletant sur un homme, Hamid, endeuillé, torturé à Saidnaya, et qui traque à travers l'Europe son bourreau, dans la clandestinité. Parce qu'Hamid n'a jamais vu celui-ci, nommé Harfaz, ayant systématiquement eu lors des séances d'interrogatoire et de torture les yeux bandés ou la tête couverte, c'est par les autres sens qu'il lui faut remonter la piste. Les odeurs, et l'ouïe particulièrement, avec Hamid qui écoute au casque des témoignages et des récits d'autres détenus.

Hamid (Adam Bessa) - Les Fantômes
Hamid (Adam Bessa) - Les Fantômes ©Memento Distribution

Avec une grande économie de moyens - comme ses personnages -, le film Les Fantômes parvient à créer une terrible tension extérieure, impalpable et invisible, mais bien là. On comprend qu'Hamid, sous une fausse identité, et ses compagnons de traque, sont eux-mêmes menacés par le pouvoir syrien. Sans avoir connaissance visuelle de sa "cible", Hamid doit donc s'en approcher avec prudence, paranoïa et incertitude aussi. Entre Munich, Strasbourg, Paris, est-il sur la bonne piste ?

Une nouvelle grande performance d'Adam Bessa...

Adam Bessa est une star. Si le grand public ne le connaît pas encore, ou seulement comme second rôle dans les films Tyler Rake, le futur où il sera reconnu comme un acteur majeur du cinéma mondial est très proche. Il a en effet, à l'écran comme en dehors, cette aura inexplicable, ce mystère qu'a aussi Léa Seydoux, cette présence pleine qui en même temps suggère comme une absence à soi-même, une fuite, par tout ce que cette présence propose d'ailleurs. Bref, ce n'est pas clair, les mots manquent, c'est indicible, et c'est ce pourquoi il est une star de cinéma.

Hamid (Adam Bessa) - Les Fantômes
Hamid (Adam Bessa) - Les Fantômes ©Memento Distribution

Entièrement structuré autour de son point de vue, la caméra de Jonathan Millet filme Adam Bessa à toutes les distances, avec tous les angles et le plan presque "signature" de l'acteur, plan moyen du haut du corps de profil, visage partagé entre ombre et lumière, le regard évadé. Ce qui, entre autres, lie les films dont il est le premier rôle, est bien cet amour que tous les cadres et lumières semblent lui porter.  Comme il le faisait déjà pour son personnage dans Harka, Adam Bessa ne fait pas beaucoup parler Hamid. Tout est intérieur, en tensions et mouvements de regard et mâchoire, tout est dans sa démarche, celle d'un "fantôme", évanescent et abîmé, insaisissable parce que chétif et glissant.

Les Fantômes, dont l'économie de mots et l'effet d'errance donné au parcours d'Hamid provoque parfois quelques temps morts, culmine dans une longue scène, exceptionnelle, une confrontation mémorable entre Hamid et Harfaz. Alors qu'Hamid, contre l'avis des autres membres de sa cellulle, rapproche au plus près sa filature et suit Harfaz dans une cafétéria. Ce dernier, reconnaissant un compatriote syrien et sans se douter qu'Hamid le traque, l'invite alors à sa table. Chacun cachant son secret, le bourreau et la victime font alors "connaissance".

... et de Tawfeek Barhom

Pour faire face à Hamid/Adam Bessa, il fallait un autre acteur de haut niveau. Et, remarqué dans La Conspiration du Caire, l'acteur palestinien Tawfeek Barhom livre dans son rôle d'Harfaz une performance aussi courte - il est le personnage traqué et longtemps lointaine silhouette du film - que phénoménale en infusant une terreur sourde.

Harfaz (Tawfeek Barhom) - Les Fantômes
Harfaz (Tawfeek Barhom) - Les Fantômes ©Memento Distribution

On pèse nos mots quand on écrit que cette confrontation entretient, bien que dans un tout autre genre, une tension et une puissance cinématographique comparable à celle de Heat. En effet, dans ce genre de séquences dialoguées, la mise en scène n'a souvent que peu de marge de manoeuvre, avec un champ / contre-champ inévitable, c'est donc essentiellement aux acteurs de faire le travail. Face-à-face, les deux jeunes acteurs parviennent, avec et malgré des mots inauthentiques, à traduire avec une puissance aussi terrifiante que l'est le sujet, l'immense tension de la situation présente et l'horreur infinie de leur passé partagé.

À ces points passionnants du drame particulier qui se joue à l'écran se couplent des interrogations plus universelles, qui traversent tout Les Fantômes. Qui est-on lorsqu'on en est clandestinité ? Comment fait-on justice quand aucune institution ne s'en charge, quand cette justice serait "illégalement" rendue ? Comment faire pour ne pas devenir soi-même un bourreau ?

Un thriller réaliste sublimé

Dans ses intentions, Les Fantômes peut aussi bien rappeler Le Bureau des légendes que Munich et Conversation secrète. Mais aussi évoquer Mossoul et Harka, parce qu'Adam Bessa s'y approprie et porte à nouveau une histoire tue et ignorée du monde arabe, rendant une existence à des individus - et à leurs luttes - qui sont invisibles, qui sont des "fantômes".

Jonathan Millet raconte dans un thriller d'espionnage, avec un réalisme et une véracité quasi documentaires, une histoire vraie de ces fantômes. Avec ce personnage et sa trajectoire confiés par le réalisateur, Adam Bessa apporte lui à ce récit une puissance cinématographique formidable, supérieure, et le sublime en mêlant dans une même performance de grandes sensations de cinéma et une invitation politique, une adresse profondément et concrètement humaine à regarder en face une immense tragédie récente.

Les Fantômes de Jonathan Millet, en salles le 3 juillet 2024. Ci-dessus la bande-annonce.

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"La pire expérience de ma vie" : le jour où le casting de ce chef-d'oeuvre a failli tout abandonner

Une préparation très dure pour le casting

26 ans plus tard, aucun des acteurs présents au casting principal d'Il faut sauver le soldat Ryan ne regrette sa participation à ce très grand film de guerre. Que ce soit Tom Hanks, Giovanni Ribisi, Adam Goldberg, Barry Pepper ou encore Jeremy Davies, pour ne citer qu'eux, tous sont éternellement associés à l'oeuvre de Steven Spielberg, immense succès critique et commercial ainsi que film historique à l'impact culturel majeur. Et aucun n'enlèverait cette ligne majeure de sa filmographie.

Il faut sauver le soldat Ryan
Il faut sauver le soldat Ryan ©Paramount Pictures

Pourtant, tout n'a pas été facile pour ces acteurs qui composent l'escouade menée par le capitaine John H. Miller et chargée de ramener vivant le jeune soldat James Francis Ryan. En effet, ils ont, chacun de leur côté au fil des années, témoigné d'une préparation au film extrêmement difficile et intense, passant plusieurs jours dans des conditions les plus proches possibles de la vie d'un soldat de la Seconde Guerre mondiale. Marches forcées et équipées tous les jours, exercices physiques et simulations d'assaut, privation de sommeil durant de courtes nuits passées sous les tentes et dans le froid après avoir rampé dans la boue...

Edward Burns, qui incarne le soldat Reiben, avait ainsi résumé la préparation lors du tournage du film : "C'était la pire expérience de ma vie."

"On en a assez"

Le conseiller technique, et aussi acteur, chargé de préparer ces acteurs à leurs rôles n'est autre que le célèbre Dale Dye, vétéran de l'armée américaine devenue la référence technique à Hollywood lorsqu'il s'agit de réaliser un film de guerre avec un maximum d'authenticité. En 2016, celui-ci racontait ainsi à Yahoo News! que le casting d'Il faut sauver le soldat Ryan, épuisé par l'intensité de la préparation, avait décidé au troisième jour du boot camp de tout simplement abandonner...

Il y a eu des grognements, et cette pensée : "peut-être qu'il faut qu'on abandonne, on en a assez."

Ainsi, comme le raconte Dye, les acteurs ont organisé un vote au bout de trois jours, pour décider si oui ou non ils laissaient tomber. Et ils ont voté pour arrêter.

Je crois que Tom Hanks a appelé personnellement Steven Spielberg et il lui a dit : "On a un petit problème ici, qu'est-ce que tu veux faire ?"

Selon le conseiller technique, qui n'a pas ménagé le casting pendant cette préparation, Steven Spielberg aurait répondu que c'était à lui de prendre cette décision, alors Tom Hanks est retourné auprès de ses collègues et les a convaincus de continuer, expliquant "qu'ils n'avaient que cette seule occasion, qu'il fallait bien le faire et qu'ils devraient rester et se sortir les tripes", soutenu par Dale Dye.

J'étais sous la pluie, debout, et je leur ai aussi dit la même chose que Tom, qu'ils devaient à ceux qu'ils incarnaient dans le film de faire les choses bien. Et que pour faire les choses bien, il fallait expérimenter ce qu'ils avaient expérimenté.

Finalement, les acteurs sont restés et ont fini le boot camp. Pour le magistral résultat qu'on connaît. Il faut sauver le soldat Ryan est à (re) voir sur Netflix.

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Ligonnès, violence et catharsis : au coeur du film choc "Les Pistolets en plastique"

Comédie noire contre fascination morbide

Dans son nouveau film, Les Pistolets en plastique actuellement en salles, Jean-Christophe Meurisse poursuit son cinéma de rupture en tapant sans retenue dans tous les genres pour raconter une histoire aussi divertissante que terrifiante. Après Oranges sanguines en 2021, il tend à nouveau un miroir au public pour le briser, cette fois-ci en racontant à sa manière le grand fait divers français dit "l'affaire Dupont de Ligonnès", célèbre et terrible quintuple assassinat survenu en 2011, et son absurde développement avec l'arrestation du "faux" Ligonnès, Guy Joao, pris à tort pour le père de famille meurtrier et interpellé en 2019 à l'aéroport de Glascow.

Et la manière de Jean-Christophe Meurisse est abrasive, radicale, à la recherche d'une émotion sans concession et qui ne s'embarrasse d'aucune autre stratégie que celle de surprendre et d'éviter que le spectateur prenne son aise face aux monstres qu'il aime exposer. On l'a rencontré et interrogé sur l'origine de ce nouveau film, et sur son utilisation de la violence dans son cinéma.

Qu'est-ce qui vous a conduit à créer autour de ce fait divers et de cette figure qu'est Xavier Dupont de Ligonnès ?

Jean-Christophe Meurisse : Le fait que ce soit un des criminels les plus célèbres, comme Landru. C’est un phénomène, et il faut parvenir à en parler, à s’amuser avec parce que c’est une telle figure… C’est un assassin ignoble qui a tué ses enfants pendant leur sommeil. Et puis quand le "faux" a été arrêté en 2019 à Glascow, Guy Joao, pauvre pré-retraité de Renault qui allait voir sa compagne en Écosse, et tout d’un coup se trouve arrêté comme l’ennemi public n°1… Il y avait un potentiel cinématographique, quelque chose les frères Coen auraient pu inventer.

Comme dans le film, quand on interroge la police écossaise, ils répondent qu’ils ont des profilers notés de 1 à 6, comme chez Uber, et il y en a un qui a appelé, noté 6, et qui a dit : "J’ai Ligonnès devant moi". 6 étoiles mais total loser ! Je me suis donc dit qu’il y avait un grand potentiel de côté-là, avec aussi la question de savoir ce que ferait Ligonnès, s’il est toujours vivant.

Comme dans Oranges sanguines, il y a des séquences très violentes dans Les Pistolets en plastique, par exemple la représentation des assassinats. Avez-vous une réflexion particulière au moment d'inclure cette violence ?

Jean-Christophe Meurisse : Non. Je ne me mets pas à la place du spectateur. Je ne suis pas dans leur tête et je ne sais pas ce qui peut leur plaire ou pas. En tant que réalisateur, je pense que cette scène est nécessaire à montrer. Si on prend la question à l’envers : je fais Les Pistolets en plastique et je ne montre pas cette scène, alors que je fais néanmoins un spectacle sur cette histoire d'assassinats... On va me dire que je suis extrêmement cynique, que je ris sur quelque chose que jamais on ne présente. Pour moi, la question ne se pose même pas. Dupont de Ligonnès a tué sa famille, il faut le montrer. Ça change de registre, évidemment, mais je ne veux pas me restreindre à un genre. Comédie, horreur, je ne suis pas dans un carcan.

J’écris, je dirige et je monte avec une émotion. Je n’ai pas de stratégie, tout part de l’émotion. Après, j’ai des limites. Si ça ne me plaît pas intellectuellement, si je ne ressens rien émotionnellement, je ne le fais pas. Ce qui me fait rire, j’y vais, ce qui me fait peur, j’y vais. J’ai un curseur, avec l’équipe qui m’entoure.

C'est cette brutalité du surgissement du mal que vous recherchez à rendre à l'écran ?

Jean-Christophe Meurisse : Dans une journée, vous allez pouvoir rire et avoir peur. Toutes ces émotions-là sont un échantillon de la vie, qu’il est normal de retranscrire au cinéma. La question du massacre est essentielle. C’est la pierre fondatrice de ce film, et on l’a restitué comme il est raconté dans les enquêtes.

Il y a une telle fascination macabre sur ce criminel, il y a tellement de fans de Xavier Dupont de Ligonnès, énormément de Society ont été vendus… Il faut qu’il y ait une catharsis. Je pense même que c’est politique de montrer ce massacre, c’est dire : "voilà, vous rêvez, vous êtes fascinés par cet ignoble assassin qui a tué ses enfants".

J’ai trois enfants, et je pense que c’est bien de casser le miroir. Pourquoi les gens sont-ils à ce point fascinés par le mal, comme avec les true crimes de Netflix ? Il faut montrer ce que c’est, et je crois à cette mission du cinéma. Plus on montre la violence, moins il y en aura dehors, plus on vit le mal par procuration, plus on montre les monstres, plus on ressort du cinéma en se disant : "je ne suis pas comme ça. Et ma vie est belle". C’est nécessaire.

Une représentation nécessaire de cette violence mais sans qu'elle soit glorifiée dans Les Pistolets en plastique, ce qui est un enjeu central du cinéma...

C’est vrai. Elle n’est pas glorifiée, parce que dans la vie la violence vous tombe dessus d’un coup. C’est comme la mort. Il n'y a pas de consentement quand la violence vous tombe dessus. Il n’y a pas d’explication, pas de graduation, pas d'avertissement.

Ça m’est arrivé plus jeune. Je sortais d’une pièce de théâtre, j’étais très heureux, avec des amis et mon amoureuse. J’avais bu un coup, j’étais ivre, j’ai pris le métro et j’étais très bien, entouré de gens que j’aimais. Tout d’un coup quatre types me sont tombés dessus et m’ont tabassé à mort, en quelques secondes. J’aurais pu crever. C’est ça la violence, elle ne demande pas de raison.

Ça m’a beaucoup marqué de pouvoir mourir comme ça, comme d’un arrêt cardiaque, tout d’un coup. La nature des choses ne prévient de rien, et sur ce point l’effet de rupture est quelque chose d’important dans mon cinéma. Et je pense qu’il est bien aussi pour un spectateur d’être dans ces conditions, où la chose vous tombe dessus.

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"On serait furieux" : Simon Pegg radical sur le futur de sa comédie culte

Simon Pegg revient au film qui l'a révélé

Aujourd'hui, pour le grand public, Simon Pegg est Benjamin "Benji" Dunn, membre indispensable de la team IMF menée par Tom Cruise dans la saga d'action-espionnage Mission : Impossible. Mais avant de devenir une star de ce genre de cinéma, l'acteur britannique s'est révélé à la télévision anglaise et de manière flamboyante dans le registre de la comédie avec le culte Shaun of the Dead d'Edgar Wright.

Shaun of the Dead
Shaun of the Dead ©Mars Distribution

Sorti en 2004, Shaun of the Dead a été un grand succès critique et un solide succès commercial, propulsant les carrières d'Edgar Wright, de Simon Pegg et de Nick Frost dans une nouvelle dimension. Ensemble, ils poursuivront avec Hot Fuzz en 2007 et Le Dernier Pub avant la fin du monde en 2013 pour constituer la trilogie Blood and Ice Cream, aussi appelée la Trilogie Cornetto, trois films co-écrits par Edgar Wright et Simon Pegg

"Il y a tellement de nous dans ce film"

Longuement interviewé par The Hollywood Reporter, alors qu'il fait en ce moment l'actualité avec sa participation à la série The Boys, Simon Pegg est revenu généreusement sur Shaun of the Dead. Et il lui a notamment été posé la question de son avis sur un potentiel reboot du film de 2004. Sa réponse est aussi claire que cinglante :

Universal Pictures a les droits. S'ils veulent faire un reboot, ils le peuvent. Bien que ça nous rendrait Edgar et moi furieux. (rires) "Shaun of the Dead" est incroyablement personnel. Il y a tellement de nous dans ce film. (...) Tellement de nos propres coeurs et de nos âmes. Si quelqu'un devait le rebooter, ce serait un exercice cynique et abusif. J'espère que les gens aiment assez notre film pour résister à l'idée d'un reboot.

Le message est passé et Universal Pictures est donc averti. Et dans la mesure où Simon Pegg est devenu un acteur à la popularité mondiale et Edgar Wright est aujourd'hui reconnu comme un des meilleurs cinéastes de sa génération, il est ainsi autorisé de penser qu'ils vont parvenir à protéger leur héritage.

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Les Dents de la mer : Lego fait son remake du film et c'est parfait

Les Dents de la mer en Lego

Les nombreux fans à la fois des petites briques Lego et du film Les Dents de la mer l'avaient rêvé. Et le géant du jouet danois l'a fait. La section Lego Ideas, qui invite les constructeurs de Lego à proposer leurs idées de "sets" et voter pour que l'entreprise produise celle qui aura été choisie, a annoncé la sortie au mois d'août d'un set Les Dents de la mer, avec le bateau Orca, son équipage formé de Brody, Quint et Hooper, et évidemment le terrible requin blanc...

Une pièce de collection pour tout fan qui se respecte du chef-d'oeuvre de Steven Spielberg, dont l'annonce a été accompagnée de la diffusion d'un court-métrage du film en Lego, son parfait mini-remake qui raconte en 1mn30 tout le film. Donc, si vous n'avez jamais vu le film de 1976 (il est actuellement disponible sur Netflix), ne le regardez pas, au risque de ne jamais connaître la délicieuse et immense sensation de terreur infusée par les péripéties de Les Dents de la mer.

Lego et cinéma, un mariage heureux

Mais pour celui qui connaîtrait le film comme sa poche, alors ce petit clip est tout à fait génial. Sans paroles mais avec des symboles dans des bulles pour les personnages, reprenant le formidable thème musical de John Williams, il s'autorise simplement à transformer les scènes violentes du film en des moments burlesques, afin de rester tout de même dans la proposition familiale et ne pas non plus terroriser son public.

Les associations de la marque Lego avec des grands titres ou licences du cinéma sont quasiment devenues la règle chez Lego. Son incursion directe dans le cinéma a été une belle réussite avec La Grande Aventure LEGO en 2014, réalisé par Phil Lord et Chris Miller puis Lego Batman, le film en 2017, deux productions bien reçues par la critique et succès commerciaux.

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"Je pense que deux prises suffiront" : Adam Bessa nous raconte la scène monumentale du thriller Les Fantômes

Adam Bessa, une nouvelle grande performance

Présent au Festival de Cannes 2024, où il a remporté en 2022 le Prix d'interprétation masculine dans la section Un Certain Regard avec sa performance dans Harka, Adam Bessa porte cette fois-ci Les Fantômes, film d'ouverture de la Semaine de la Critique. Un nouveau film dans lequel il prend en charge une nouvelle histoire du monde arabe, inspirée de terribles faits réels : la poursuite de criminels de guerre syriens par une cellule clandestine de citoyens syriens déployée en Europe.

Adam Bessa incarne Hamid, un encore jeune homme, torturé dans la prison de Saidnaya et qui a perdu sa femme et sa fille dans la guerre civile syrienne. Lancé sur les traces de son tortionnaire, qu'il n'a jamais vu mais dont il a notamment des souvenirs de l'odeur et de la voix, Hamid va vivre un voyage personnel aussi effrayant que captivant.

Nous l'avons rencontré et il nous a emmenés dans les coulisses de Les Fantômes, tout particulièrement pour le climax du film, la rencontre avec son tortionnaire, Harfaz, qui ignore l'identité et la mission d'Hamid. Une séquence dialoguée de 12 minutes, d'une tension monumentale, où face à Adam Bessa l'acteur Tawfeek Barhom livre une performance exceptionnelle, chargée d'une tension et d'une terreur stupéfiante.

Comment s'est passé votre rencontre avec Tawfeek Barhom sur Les Fantômes, et comment avez-vous travaillé ensemble la scène de la cafétéria ?

Adam Bessa : On a matché énormément, ça a été une vraie rencontre. Tawfeek sortait du film de Terrence Malik, et il était alors dans un univers de création libre. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait une telle rencontre, une amitié est née. J'ai eu une confiance immédiate en l'artiste en face de moi. Dans la compréhension du scénario, dans ce qu'il voulait faire. On a beaucoup joué au backgammon, on partageait quelques idées sur le film, mais on en a pas tant parlé, on s'est beaucoup raconté des histoires de nos vies personnelles. On s'est laissé jouer, on s'est laissé surprendre l'un l'autre, et on s'est beaucoup rapprochés.

Cette scène de confrontation dans "Les Fantômes", on ne l'a pas répétée. Je l'ai corrigé parfois en français, parce que c'était tout nouveau pour lui. J'ai dit à Jonathan, "je pense que deux prises suffiront, ne nous épuise pas, je pense qu'il y aura tout dans ces prises". Au final on a dû en faire trois, deux et un plan master, et c'était bon. On voulait arriver à ce niveau d'intensité, on le savait, on s'est dit qu'il fallait qu'on montre ce qu'on avait dans le ventre.

Et avec tout ce qu'on entendait, à propos des palestiniens notamment, on était chargés, moi j'étais empli de rage. Il fallait que ça envoie du bois ! Le sujet me tient tellement à coeur qu'il fallait transmettre l'importance, la puissance de ce qu'on peut ressentir dans ces moments-là. Ce n'était pas un survol, il fallait que le spectateur puisse ressentir combien c'est fou de vivre ça.

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Netflix : à peine ajoutée, cette comédie d'action explosive est déjà Top 1

Le retour d'un flic à la popularité mondiale

Il nous avait manqué. 30 ans après Le Flic de Beverly Hills 3, Eddie Murphy est de retour sur Netflix avec le quatrième opus de cette saga culte : Le Flic de Beverly Hills : Axel F.. Très attendu, les nouvelles aventures d'Axel Foley, flic iconique du cinéma des années 80, se font donc sur Netflix dans un tout nouveau film réalisé par Mark Molloy. Pour celui-ci, réalisateur australien très réputé pour ses réalisations publicitaires, il s'agit de sa toute première réalisation d'un long-métrage de fiction.

Alors que la fille d'Axel (Eddie Murphy), Jane (Taylour Page), défend en tant qu'avocate un jeune délinquant impliqué dans une affaire de meurtre, Billy Rosewood qui enquêtait sur cette affaire disparaît. Installé à Detroit, Axel Foley retourne donc à Beverly Hills pour retrouver son ami et résoudre cette affaire avec l'aide de Jane, ainsi que de l'ex-petit ami de celle-ci, l'inspecteur Bobby Abbott (Joseph Gordon-Levitt).

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Un succès immédiat

Avec son casting composé des anciens de la franchise Judge Reinhold, John Ashton, Paul Reiser et Bronson Pinchot, et les nouveaux venus comme notamment Joseph Gordon-Levitt, Taylour Paige et Kevin BaconLe Flic de Beverly Hills : Axel F. apparaît avoir réussi son pari d'équilibriste entre nostalgie des précédents opus (surtout les deux premiers) et nouveauté.

Un choc de générations dont le film s'amuse ouvertement, notamment lors de la rencontre entre Axel Foley et Bobby Abbott, avec ce nouveau personnage qui refait l'historique des exploits du fameux flic et commente ceux de 1994 en déclarant : "C'est pas glorieux". Une référence directe à Le Flic de Beverly Hills 3, considéré à l'unanimité et de très loin comme le plus mauvais opus de la saga initiée en 1984.

Le Flic de Beverly Hills : Axel F.
Le Flic de Beverly Hills : Axel F. ©Netflix

De l'humour donc et de l'ironie, couplés à un spectacle explosif composé de généreuses fusillades et courses-poursuites. Une recette qui semble fonctionner, puisque le film s'est immédiatement hissé au sommet du Top 10 Films en France. Une performance remarquable dans la mesure où Les Dessous de la famille avec Zac Efron et Nicole Kidman s'était solidement porté à cette place, et est encore N°1 dans le monde. Une place que la comédie d'action avec Eddie Murphy devrait aussi rapidement lui prendre...

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À voir sur Disney+ : et si ce film détesté était un des plus grands thrillers de notre temps ?

Cartel, thriller "malade" de Ridley Scott

Il est de ces films auxquels le temps rend justice. Onze ans après la sortie du thriller criminel Cartel, film de Ridley Scott décrié et jugé raté, on n'en est pas encore là, mais plus le temps passe plus sa réhabilitation prend forme. Comment ce film, alignant un casting de superstars avec Michael Fassbender, Brad Pitt, Cameron Diaz, Penélope Cruz et Javier Bardem, réalisé par Ridley Scott et écrit par le grand écrivain Cormac McCarthy, a-t-il pu recevoir des critiques si négatives ?

Cartel
Cartel ©20th Century Fox

Noté 38% sur Rotten Tomatoes, jugé mal-aimable, ennuyeux, trop bavard, d'une noirceur extrême, froid et à l'esthétique publicitaire, sans suspense, Cartel (The Counselor en VO) rentabilise son budget de 25 millions de dollars avec 71 millions de dollars de recettes dans le monde. Mais c'est alors bien le seul point positif du film, qui est le plus mal noté de Ridley Scott, en concurrence avec Une grande année.

Un avocat du Texas, surnommé « le Conseiller » décide de passer de l'autre côté et de travailler pour un cartel de la drogue agissant à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. La drogue est transportée dans des camions et l'un d'eux se fait braquer. Or, un ancien client de l'avocat est impliqué dans ce braquage. C'est pour "le Conseiller" le début d'un enchaînement d'événements dramatiques où il va être confronté à la cruelle réalité du monde du cartel.

Un film d'écrivain...

Michael Fassbender incarne cet avocat - on ne connaîtra jamais son nom -, pris dans l'enfer du trafic de drogues. Associé à Reiner, un entrepreneur et trafiquant fantasque incarné par Javier Bardem, ainsi qu'à un intermédiaire mystérieux nommé Westray joué par Brad Pitt, il est aussi confiant que naïf. Déjà riche, séducteur, vivant une parfaite idylle avec Laura (Penélope Cruz), son monde luxueux où tout est facile va subitement devenir un enfer. Et le mot est faible...

Cartel
Cartel ©20th Century Fox

Cruel, nihiliste et désespéré, Cartel a surpris - et déplu - par son approche extrêmement froide et anti-spectaculaire du film "de cartel". En effet, le film est constitué de longues séquences dialoguées, sans réelle transition de l'une à l'autre, et dans lesquelles les personnages échangent sur leurs fantasmes et la réalité de ce qu'ils sont en train de vivre.

Mais il y a un problème. En 2013, le podcast n'est pas encore devenu un format populaire, et probablement que si Cartel sortait aujourd'hui il serait acclamé pour la longueur et l'apparente complexité de ses dialogues. En effet, Cartel est le premier film écrit par Cormac McCarthy, qui en est par ailleurs producteur exécutif. C'est donc un film structuré par le monde et la pratique de la langue de l'écrivain, à savoir des échanges entre des personnages écrasés par un monde très sombre, violent, irrémédiablement noir et tragique.

... et un thriller philosophique

Les fans de fusillades et de thriller policier en sont donc pour leurs frais, puisque dans le monde de Cartel l'institution policière est absente et les personnages semblent repousser au plus loin d'eux la violence que, paradoxalement, ils créent. Et ce jusqu'à que celle-ci ne les rattrape très brutalement...

Si l'on écoute bien ce que se disent, dès le début du film, les personnages, on comprend vite la mécanique du film. Tous les interlocuteurs de l'avocat lui conseillent en effet de ne pas se lancer dans le trafic de drogue, parce qu'il n'est pas prêt à accepter cette réalité. Bien plus qu'un thriller criminel, Cartel est en réalité un film philosophique, qui traite dans le milieu du narco-trafic des actions et de leurs conséquences.

Laura (Penélope Cruz) - Cartel
Laura (Penélope Cruz) - Cartel ©20th Century Fox

Et c'est précisément sur ce point que le film de Ridley Scott a un immense défi à relever : comment, au cinéma, royaume de la suspension de l'incrédulité, des actions sans conséquences et des raccourcis dramatiques, réussir à rendre le fondement même de la réalité - à l'opposé de la fiction -, à savoir que les actions ont nécessairement des conséquences ?

Deux séquences mémorables et une déchirante

Il y a tout de même du spectacle dans Cartel, que Ridley Scott met en scène dans son style qui explore notamment la mythologie et l'esthétique publicitaire. Il y a ainsi la fameuse scène du "poisson-chat", dans laquelle le personnage machiavélique et ultra-cynique de Cameron Diaz, Malkina, fait l'amour à la voiture de Reiner en se frottant contre son pare-brise. Une séquence qui est racontée par Reiner lui-même, mystifié et terrorisé par cette action.

Il y a aussi une séquence extrêmement violente et graphique d'une décapitation mécanique en pleine rue, dont on ne dira rien de plus ici pour ne pas dévoiler trop de la conclusion du film.

Enfin, il y a la séquence, magistrale, durant laquelle le chef du cartel (Rubén Blades), dans un dialogue philosophique et poétique, explique à l'avocat qu'il lui faut accepter sa nouvelle réalité  et s'y résigner. Dans cette séquence, il prononce à un moment une phrase complexe mais lourde de sens  : "Le monde, dans lequel vous cherchez à réparer les erreurs que vous avez faites, est différent du monde dans lequel elles ont été faites". Explication : les erreurs de l'avocat ont transformé sa vie, son monde, et dans ce nouveau monde elles ne peuvent pas être rattrapées.

L'avocat (Michael Fassbender) - Cartel
L'avocat (Michael Fassbender) - Cartel ©20th Century Fox

Dans cette séquence, bouleversante, Michael Fassbender est en larmes dans sa voiture, quelque part au Mexique, et le chef du cartel est chez lui, dans sa luxueuse maison, en train de prendre un thé et de se préparer à une sieste. Quand l'avocat réalise qu'effectivement "la vie ne le reprendra pas", on entend alors les cordes du thème "triste" de la magnifique composition de Daniel Pemberton pour Cartel.

Cartel, grand film d'aujourd'hui

Trop violent sous sa surface presque policée, trop désespéré, trop bavard et trop exigeant... Cartel souffre sans doute de son écriture très (trop ?) littéraire, et à laquelle Ridley Scott apporte de manière conventionnelle sa mise en scène et son esthétique léchée. Alors, sans doute, l'accord de ces deux univers est imparfait. Mais pas au point d'annuler des performances intenses et très abouties de son casting principal, tout particulièrement Michael Fassbender, Cameron Diaz et Brad Pitt.

Pas au point non plus d'annuler l'ambiance terriblement sourde et poisseuse qui vient craqueler le vernis luxueux du monde de l'avocat, avant de le détruire. Il y a ainsi un pari à faire : si Cartel a pu sembler totalement hors de propos, hors tendance, et comme une "anomalie" dans le cinéma hollywoodien du début des années 2010, peut-être qu'aujourd'hui, en 2024, à l'heure où le monde est obsédé par l'ultra-richesse et soumis à l'inconséquence de ses dirigeants et de ses puissants, son esthétique et son discours n'ont jamais été aussi pertinents...

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Un nouveau film de requins se dévoile et ça s'annonce terrifiant

Claustrophobie et requins blancs

Voici un genre pour lequel l'appétit du public reste dévorant : le film de requins. Après Sous la Seine, le film de Xavier Gens et immense succès Netflix, un nouveau film avec des requins très dangereux pointe le bout de son aileron dans une bande-annonce très séduisante (vidéo en tête d'article) : The Last Breath.

The Last Breath
The Last Breath ©Filmgate Films

Avec Les Dents de la mer en 1976, Steven Spielberg a ouvert ce cinéma particulier par un film indépassable. À charge donc des scénaristes et des réalisateurs de trouver comment faire différemment, à défaut de pouvoir faire mieux. La tendance est donc à accumuler les dangers et les difficultés pour les personnages des films. Meilleur exemple, si l'on laisse de côté les requins volants et qu'on reste dans un cadre à peu près réaliste, 47 Meters Down, qui mêlait au danger de requins agressifs le risque d'asphyxie de deux soeurs coincées dans une cage à 47 mètres de profondeur.

The Last Breath reprend cette idée avec un groupe de plongeurs, mais en outre les coince dans l'épave d'un navire de la Seconde Guerre mondiale. Requins, asphyxie et labyrinthe sous-marin dont il faut s'échapper, le programme est donc très costaud.

Un groupe d'anciens amis d'université se réunissent lors d'un voyage de plongée sous-marine dans les Caraïbes pour explorer l'épave d'un cuirassé de la Seconde Guerre mondiale et s'y retrouvent piégés, entourés de grands requins blancs...

Le dernier film de Julian Sands

Réalisé par le cinéaste suédois Joachim Hedén qui s'était fait remarquer avec Breaking Surface, dans lequel deux soeurs en plongée se retrouvaient coincées par un éboulement, The Last Breath combine donc plusieurs angoisses pour générer la terreur la plus parfaite possible.

On retrouve notamment à son casting Jack Parr et Kim Spearman, ainsi que Julian Sands. Le célèbre acteur anglais, décédé en janvier 2023 lors d'une randonnée en Californie, y joue ici sa dernière performance, dans le rôle du commanditaire de l'exploration de l'épave.

Attendu le 26 juillet 2024 dans les salles américaines, on espère qu'il se fraiera un chemin jusque sur nos écrans.

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Ce soir à la TV : avec 1,2 million d'entrées et autant de fous rires, ce film sur le rap est devenu culte

Quand Michaël Youn devient "Fatal Bazooka"

Fin des années 2000, Michaël Youn est à la croisée des chemins. Humoriste reconnu, célèbre pour son émission Morning Live et ses clips parodiques, il s'est essayé à la comédie sur grand écran les années précédentes, pour des résultats très mitigés. Si La Beuze, Les 11 Commandements et Iznogoud ont été des succès commerciaux, les critiques tirent la langue et ses compétences d'acteur sont moquées. Ses apparitions suivantes dans la comédie Incontrôlable, le drame Héros ou encore Lucky Luke semblent alors confirmer le désamour avec le cinéma français.

Fatal
Fatal ©Universal Pictures

Mais Michaël Youn est un homme plein de ressources qui ne s'avoue pas facilement vaincu. Il décide donc en 2010 de revenir aux basiques, et plus particulièrement à son don pour la parodie musicale, qui était déjà au coeur de La Beuze avec "Le Frunkp". Il retourne alors à son personnage de Fatal Bazooka, rappeur bling-bling qui reprend à outrance les codes du gangsta rap américain et qui lui avait apporté le succès en 2006 avec le single "Fous ta cagoule". L'année suivante, il avait avec Pascal Obispo offert le génial "Mauvaise foi nocturne", parodie culte du morceau "Confessions nocturnes" de Diam's et Vitaa.

Le succès Fatal

Trois ans plus tard, Michaël Youn lui consacre alors un film : Fatal. Il co-écrit, réalise, interprète et co-produit cette comédie, entouré entre autres au casting de Stéphane Rousseau, son acolyte de toujours Vincent Desagnat, Fabrice Éboué, Armelle et Isabelle Funaro, ou encore Reem Kherici.

Le rappeur Fatal Bazooka est "numero uno", jusqu'au jour un chanteur d'« électro-bio », Chris Prolls, vient lui voler la vedette et lui prend cette précieuse place. Ivre mort lors de la cérémonie des « Music Awards de la Musique », Fatal offre sur scène un spectacle déplorable, provoquant un scandale et amenant la presse à le boycotter, ce qui cause sa ruine et son divorce. Fatal retourne alors dans son village natal en Savoie, et essaye de devenir berger, comme le fut son père. Mais, de toute évidence, ce travail n'est pas fait pour lui et, poussé par sa mère et par son amie Heidi restée en Savoie, Fatal décide de prendre sa revanche...

À sa sortie, Fatal est un succès dans les salles. Délicieusement régressif et inventif, Michaël Youn rayonne dans ce personnage, certainement la plus aboutie de ses créations, et enchaîne les références bien pensées à 8 Mile, Zoolander, Prison Break, le groupe Daft Punk, Shining...

Fatal
Fatal ©Universal Pictures

Si Fatal ne retrouve pas les sommets au box-office des premières apparitions de Michaël Youn au cinéma, cette comédie parodique musicale réalisée par ses soins attire plus de 1,2 millions de spectateurs dans les salles. Surtout, la critique, sans être non plus unanime, lui réserve un accueil plutôt chaleureux, avec par exemple Télérama lui accordant trois étoiles et Première écrivant que "Michaël Youn impose une déconne extrêmement recommandable".

Un projet de suite envisagé

Quelques mois après la sortie de Fatal, Michaël Youn poste un statut sur Facebook demandant à son audience si un Fatal 2 l'intéresserait. Avec plus de 70 000 likes et 10 000 commentaires, il écrit alors "y réfléchir sérieusement". Cependant, aucune suite n'a été mise en route à ce jour, malgré les déclarations de l'acteur et réalisateur à Télé Loisirs en 2020 :

On en parle avec le producteur du premier opus, on a envie de continuer cette aventure. J'ai trouvé un ou deux pitchs qui pourraient donner une belle histoire, mais je n'ai pas encore écrit le scénario. Je veux vraiment que ça soit différent du premier, que cette suite apporte un renouveau.

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Pourquoi tu souris ? : Raphaël Quenard et Jean-Pascal Zadi hilarants dans une comédie plus douce qu'amère

Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard font leur show

Pourquoi tu souris ?, nouveau film de Chad Chenouga et de sa scénariste Christine Paillard, cette fois-ci aussi à la réalisation, est la définition même de ce qu'est une comédie dramatique. Une histoire développée par ses ressorts comiques, mais en filigrane une chronique sociale aussi, où à l'humour des personnages principaux correspondent une détresse et une solitude très concrètes, auxquelles font aussi écho les situations des personnages secondaires.

Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard incarnent respectivement dans Pourquoi tu souris ? Wisi et Jérôme. Le premier, comédien raté et à la rue, se fait passer pour un africain sans-papiers afin de trouver de l'aide. Le second, allergique au travail et qui vient de perdre sa mère, a un fort penchant raciste et est prompt à arnaquer tout le monde. Ils forment un duo antagoniste, principe très conventionnel de la comédie clownesque et du buddy movie. Associant leurs deux misères pour espérer s'en sortir, ils s'installent chez Marina (Emmanuelle Devos), travailleuse sociale qui a les deux mains sur le coeur.

Pourquoi tu souris ?
Pourquoi tu souris ? ©Ad Vitam Distribution

Les deux acteurs principaux, ultra-talentueux et en pleine ascension depuis leur révélation respective au grand public, en 2020 pour Jean-Pascal Zadi avec Tout simplement noir et en 2023 pour Raphaël Quenard avec Chien de la casse et Yannick, portent le film par leur humour, leurs punchlines et leurs mensonges qui s'additionnent les uns aux autres pour compliquer au maximum leur situation précaire. Ensemble, Jérôme et Wisi essayent lamentablement d'effectuer des petits travaux de rénovation, puis le premier s'improvise proxénète du second, et pourquoi pas voleurs à la petite semaine... C'est drôle, et les deux acteurs s'éclatent très visiblement avec ces personnages joliment écrits.

Une nuance noyée sous les blagues

Mais à beaucoup trop se reposer sur ce duo - leur association restant une très bonne idée -, Pourquoi tu souris ? perd la nuance qu'il recherche pourtant. En effet, le contexte de leur histoire n'est pas qu'un paysage, mais une réalité française très concrète, où les gens ne se sourient pas, ne s'aident pas, souffrent de la solitude sociale et de la précarité économique.

Pourquoi tu souris
Pourquoi tu souris ? ©Diaphana Distribution

Ainsi, le très beau personnage interprété par Camille Rutherford, jeune mère célibataire au bord de la faillite personnelle que rencontre Wisi, devenu l'escort boy "Phoebus", incarne très bien toute l'amertume de Pourquoi tu souris ?. Sans cependant que les réalisateurs ne fasse de cette amertume quelque chose de vraiment sensible. Même cas de figure avec le personnage incarné par Judith Magre, richissime héritière bordelaise mourante qui tient sa fortune de ses ancêtre esclavagistes. Ici, quelque chose est dit sur la condition humaine confrontée à des petits et des grands drames, mais son accord avec l'humour et les ressorts comiques du film ne se fait pas entièrement.

Il faut donc faire avec ce regret que si Christine Paillard et Chad Chenouga avaient réussi à accorder dans Pourquoi tu souris ? la puissance comique sans limites de son duo principal à sa chronique sociale touchante et perspicace, on tiendrait sans doute là une des meilleurs comédies françaises récentes. Néanmoins, Pourquoi tu souris ? se situe au-delà du tout-venant du genre et constitue un divertissement très recommandable.

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Pendant ce temps sur terre : un drame intime de science-fiction vertigineux

Un film de SF intimiste

La tête dans les étoiles et les pieds sur terre, quelque chose se passe dans le corps et le coeur d'Elsa (Megan Northam). Là-haut, dans l'immensité de l'espace, son frère astronaute a disparu. Sur terre, sa vie monotone d'aide-soignante dans un EHPAD nourrit son deuil inaccompli d'une triste solitude. À l'aube de sa vie d'adulte, c'est la mort de son frère qui l'écrase et l'immobilise. Pas de projet, pas de relations ou si peu, pas vraiment de passé et de futur... Jusqu'au jour où Elsa entend une voix. Une voix (Dimitri Doré) qui se donne comme celle d'une existence extraterrestre et qui lui propose un marché. Cette voix lui explique qu'"ils" peuvent faire revenir son frère, si elle leur apporte en échange d'autres "vies"...

Elsa (Megan Northam) - Pendant ce temps sur terre
Elsa (Megan Northam) - Pendant ce temps sur terre ©Diaphana Distribution

Après le merveilleux J'ai perdu mon corps, Jérémy Clapin réalise son premier long-métrage en prises de vues réelles, Pendant ce temps sur terre. Il ne quitte cependant pas entièrement le cinéma d'animation qui l'a révélé, puisque son nouveau film propose aussi quelques jolies séquences animées. Une continuité est donc à l'oeuvre, dans la forme mais aussi sur le fond, avec cette question fondamentale de l'absence. Qui est-on sans tout ou une partie de son corps ? Quelqu'un est-il vraiment mort (ou vivant) tant que la vue de son corps n'en donne pas une preuve ? En voulant sauver son frère de son destin indécis, Elsa veut-elle aussi décider du sien ?

La révélation Megan Northam

Megan Northam incarne Elsa, et dès son premier rôle principal au cinéma son charisme apparaît sans limites. Elle offre à Jérémy Clapin des cadres et des situations formidables. Au plus près de son oreille qui entend cette voix, dans ses yeux où se décrypte une foule de sensations. Elsa est charmante, elle est attentionnée, mais elle est aussi inquiétante et froide, et le deuil dont elle ne se défait pas se mue physiquement en une tension extrême qui contamine depuis son corps tout le film.

Pendant ce temps sur terre
Pendant ce temps sur terre ©Diaphana Distribution

Le corps et l'esprit traversés de contradictions, de désirs non-formulés et d'explosions, la jeune actrice est de quasiment tous les plans de Pendant ce temps sur terre, qui confie sa véracité globale à sa performance. Le pari est largement réussi, tant Megan Northam se révèle captivante. Et tout en captant la lumière, preuve de sa compétence à être entière sans égoïsme, elle permet aussi aux autres d'exister pleinement. À ce titre, mention spéciale pour l'actrice et danseuse Sabine Timoteo, toujours d'une intensité folle dans ses performances.

Un grand récit poétique d'initiation

Pendant ce temps sur terre est un vrai film de cinéma, et un excellent, parce qu'il ne pourrait pas être chose. Ni un livre, ni un tableau, ni une chanson, mais une oeuvre de cinéma dans laquelle les lumières et les sons constituent l'indicible et renversante sensation d'une histoire qui parvient à lier l'infiniment grand à l'infiniment petit, l'immensité de l'espace à la petitesse d'une vie sur terre.

Ce que traverse Elsa, le deuil douloureux de son frère et son passage par celui-ci à l'âge adulte, se comprend dans l'espace interstitiel situé entre sa vie réelle - en prises de vues réelles - et sa vie rêvée, dans les étoiles avec son frère, en séquences animées. Et cet espace, poétique et intangible mais bien sensible, sépare ces deux vies comme il souligne la tragique impossibilité de chacune.

Pendant ce temps sur terre se regarde, mais il doit s'écouter aussi, pour composer entièrement cet espace mental dans lequel il nous emmène. Il y a donc un formidable travail sur le son et sur la musique (Dan Levy), et à cet égard Pendant ce temps sur terre, en plus de l'écriture de son personnage féminin, résonne avec Under the skin de Jonathan Glazer.

Le film de Jérémy Clapin, très abouti dans ses images, l'est aussi dans l'émotion et le doute qu'il instille. Véritable histoire d'invasion extraterrestre ou évasion mentale d'une jeune fille terrassée par le deuil ? Film de science-fiction ou drame psychologique ? Pendant ce temps sur terre laisse ces deux perspectives exister ensemble, encadrées par une introduction dans l'espace et une conclusion au bord de l'océan : c'est bien un vertige spatial et intime, d'une force océanique, qui saisit devant ce très beau film.

Pendant ce temps sur terre de Jérémy Clapin, en salles le 3 juillet 2024. Ci-dessus la bande-annonce.

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Elyas : Roschdy Zem survit dans un thriller d'action aussi brutal que raté

Le retour de Florent Emilio-Siri

Le scénariste et réalisateur Florent Emilio-Siri a un talent indéniable, qu'il a prouvé tôt et de manière éclatante avec Nid de guêpes en 2001. Un thriller d'action étouffant et spectaculaire, comparé à raison à Assaut de John Carpenter et nourri d'inspirations américaines, que le réalisateur charge aussi d'une matière politique et sociale en continuité avec son premier film Une minute de silence. Après quatre autres films, Otage, L'Ennemi intime, ClocloPension complète, et la série Netflix Marseille, on ne l'avait ainsi plus vu à l'oeuvre depuis 2016.

Une parenthèse maintenant refermée, puisque Florent Emilio-Siri est de retour avec Elyas, un thriller d'action ultra-bourrin. Et dans lequel malheureusement seul Roschdy Zem apparaît au niveau attendu d'un long-métrage de ce genre, et de ce réalisateur.

Elyas (Roschdy Zem) - Elyas
Elyas (Roschdy Zem) - Elyas ©Studiocanal

Roschdy Zem surnage

Allons-y franchement : Elyas est raté. Et ce n'est paradoxalement pas faute d'avoir essayé. Florent Emilio-Siri raconte l'histoire d'Elyas, un ancien membre des forces spéciales et "chuteur opérationnel" (ça aura son importance) qui souffre d'un terrible stress post-traumatique. Vivant dans un foyer, travaillant vaguement comme garde du corps ça et là, il est contacté par un ami et ancien frère d'armes pour protéger la femme et la fille d'un prince émirati durant leur séjour en France. Problème, une fois arrivé dans le château où cette famille loge, l'équipe de sécurité qu'il rejoint semble avoir un bien sombre plan... Quand un commando attaque les lieux, Elyas va tout faire pour protéger Amina (Laëtitia Eïdo) et Nour (Jeanne Michel), sa fille âgé de 13 ans.

La première partie du film rappelle Nid de guêpes, avec ce lieu et ses occupants assaillis, et un Elyas qui ressemble au Creasy de Man on Fire de Tony Scott. Une référence largement assumée, avec plutôt que la souffrance de l'alcoolisme et celle des remords d'une vie violente, une paranoïa dangereuse et une grande détresse psychique. Roschdy Zem, impérial dans son personnage taciturne et sur le fil de la démence, se montre très vite létal, hyper efficace dans la tuerie façon John Wick. Physiquement, comme dans les quelques dialogues qu'il n'arrive pas à fuir, l'acteur montre que ce type de performances et de rôles, dont il s'est pourtant éloigné, lui va toujours comme un gant.

Trop de films et de thèmes

Ainsi, la première partie du film est plutôt réussie, diffusant jusqu'à l'assaut du commando un flou séduisant. Narré depuis son point de vue, le film retarde la réponse à la question de savoir si Elyas est extra-lucide ou si sa paranoïa l'a rendu fou à lier. Mais lorsqu'il est finalement établi qu'Elyas, malgré sa lourde instabilité, dit et agit vrai, le film, tout en tentant de rester dans la ligne Man on Fire, devient autre chose. En effet, les péripéties vont s'empiler frénétiquement, comme les références auxquelles Florent Emilio-Siri souhaite se raccrocher. Il y a donc du John Wick, du Léon, du Tyler Rake aussi, au moment où le film de home invasion devient un film de sauvetage et d'extraction, déplacé dans un pays étranger pour qu'Elyas s'offre une "chute opérationnelle", qui n'est pas du tout spectaculaire malgré son intention.

Elyas (Roschdy Zem) - Elyas
Elyas (Roschdy Zem) - Elyas ©Studiocanal

Avec toutes ces inspirations s'ouvre une grande foire aux thèmes qui casse la tête. Affaire d'État, trahison familiale, amitié et loyauté, sacrifice et rédemption, deepfakes, crise migratoire... C'est trop, beaucoup trop pour un personnage qui aurait pu s'occuper de tout ça sur plusieurs films, au lieu de tout condenser et survoler en 1h39.

Un nouveau film si vieux

La promesse était intéressante. Et peut-être qu'il y a dix ans, avant le standard pot-pourri (pourri) imposé par le streaming pour fédérer le plus grand nombre de spectateurs, Elyas aurait été différent, plus frugal dans son approche, plus "à l'os" et moins superficiel. Florent Emilio-Siri, qui travaille ici avec son équipe historique, Olivier Gajan au montage et Giovanni Fiore Coltellacci à la photographie, Mimi Lempicka aux costumes et Alexandre Desplat à la musique - ne manque que Benoît Magimel-, pensait sans doute faire quelque chose de neuf et original. Hélas, c'est plutôt un mélange déséquilibré de vieilles recettes essorées et de personnages stéréotypés au possible, sorte de réminiscence des productions de ce genre d'EuropaCorp.

Les coups de feu et de poing, la rage mystérieuse d'Elyas - dont on découvre classiquement et sans surprise la cause par le récit de son ami dans la troisième partie du film -, empêchent de s'ennuyer complètement et de s'endormir. Mais tout est si cousu de fil blanc qu'on ne s'étonne jamais de rien, condamné à attendre qu'Elyas ait fini de faire ce qu'il a à faire. Ah si, on se fait surprendre par un point : Dimitri Storoge, qu'on a trop l'habitude de voir se révéler être le méchant dans de mauvais films, ne l'est pas dans Elyas. Qui lui reste néanmoins mauvais.

Elyas de Florent Emilio-Siri, en salles le 3 juillet 2024. Ci-dessus la bande-annonce.

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