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Reçu aujourd’hui — 24 novembre 2025 7.4 📜 Résumé - Infos

Au Mali, l’étau djihadiste se resserre : Bamako ne tient plus qu'à un fil

24 novembre 2025 à 05:45

Depuis l’été dernier, leur avancée semble inexorable. "Aujourd’hui, les djihadistes sont présents partout au Mali", assure Mohammed A. Pour ce marchand touareg, qui commerce entre Bamako, Tombouctou et Kayes, croiser leur chemin au cours de ces longues traversées du Sahel est devenu une sorte de "routine". "Malheureusement, quand on n’a pas le choix, on finit par s’habituer à tout", lâche-t-il, résigné, au bout d’une ligne téléphonique instable.

"Le plus souvent, ils se déplacent à motos, ils arrêtent les convois de marchandises, parfois pour les brûler, parfois pour se servir, et ils contrôlent les transports de voyageurs", précise ce père de famille, qui avoue tout de même avoir eu "la peur au ventre" plusieurs fois en les voyant. Fin octobre, les djihadistes ont annoncé que "tous les axes autour de Bamako" seraient désormais considérés comme des "zones de guerre" et ont imposé la séparation entre hommes et femmes dans les transports.

"Ils sont aussi présents dans les villes, comme à Tombouctou, où, habillés en civils, ils font de la surveillance et tentent d’accroître leur influence sur les populations", poursuit-il, assurant qu’il est lui-même régulièrement approché pour rejoindre leurs rangs dans un contexte économique de plus en plus tendu.

Ces dernières semaines, mieux valait ne pas avoir besoin d’un médecin

Historiquement implanté dans le nord et le centre du pays, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), la filiale sahélienne d’Al-Qaeda, étend désormais son influence vers l’Ouest, tout près des frontières sénégalaises et mauritaniennes, mais aussi vers le Sud, exerçant une pression sans précédent sur la capitale Bamako. Aujourd’hui, l’armée régulière ne contrôlerait plus que 25 % du territoire malien.

Blocus sur le carburant

Un peu plus de quatre ans après l’arrivée au pouvoir de la junte souverainiste, suite au coup d’Etat du général Assimi Goïta, désormais président autoproclamé, rien ne semble avoir arrêté la percée islamiste dans ce pays du Sahel. Pas même le soutien opérationnel des mercenaires russes du groupe Wagner, renommé Africa Corps en juin dernier, qui ont pris la place des troupes françaises, arrivées en 2014 (opération Barkhane) et reparties en 2022.

En plus de leurs attaques armées, les djihadistes mènent désormais une stratégie d’étranglement de l’économie malienne, en imposant des blocus sur le carburant et en ciblant principalement la capitale et ses trois millions d’habitants. Sans accès à la mer, Bamako demeure dépendant de ses voisins, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire et, surtout, la Guinée - ces trois pays représentant 90 % des importations. Depuis début septembre, les camions-citernes en provenance de ces pays sont systématiquement détruits ou dérobés par les djihadistes.

Résultat, la capitale manque cruellement de carburant. Sur les 600 stations-service de la ville, seule une centaine, identifiable aux kilomètres de queues qu’elles provoquent, parvient à être ravitaillée. "J’ai attendu presque 72 heures pour faire le plein", raconte Souleymane D., entrepreneur dans le BTP. Comme beaucoup de Bamakois, il a vu son activité économique largement altérée par ces blocus. "Sans essence, l’économie tourne au ralenti et l’accès à l’électricité est difficile", déplore-t-il, alors que l’accès à l’énergie repose grandement sur des groupes électrogènes. Après deux semaines de fermeture ordonnée par les autorités en raison de la pénurie, les écoles et les universités ont rouvert le 17 novembre, grâce à une récente arrivée de camions-citernes en provenance de Côte d’Ivoire, escortés par l’armée sur plusieurs centaines de kilomètres. "Ces dernières semaines, mieux valait ne pas avoir besoin d’un médecin, car les hôpitaux ne tournaient presque plus", témoigne le jeune homme, ajoutant que la situation s’est récemment améliorée depuis que des escortes militaires ont été mises en place. Désormais, 200 à 300 camions parviennent à rejoindre Bamako toutes les semaines, contre plus de 1 200 avant le blocus. Reste que, dans de nombreuses localités du centre et du sud, l’essence n’arrive toujours pas. Mopti et ses 550 000 habitants sont ainsi privés d’électricité depuis un mois, comme Bandiagara.

Enlèvements de travailleurs étrangers

Pour déstabiliser le pouvoir malien, le GSIM a multiplié les attaques contre des entreprises détenues par des investisseurs étrangers. Depuis cet été, plus d’une quinzaine d’assauts ont été recensés, notamment dans la région aurifère de Kayes, à l’ouest. Simultanément, le nombre d’enlèvements de travailleurs étrangers s’est accru. Entre mai et octobre 2025, 22 personnes de nationalité chinoise, égyptienne, indienne et émiratie ont été prises en otage par le groupe terroriste, selon l’ONG Acled, spécialisée dans la collecte et l’analyse de données sur les conflits armés. Un record. "Les rançons ont toujours constitué une source de financement pour les djihadistes. Elles leur permettent d’équiper, de payer mais aussi de recruter des combattants", indique Héni Nsaibia, chercheur au sein d’Acled.

Selon le journal Le Monde, le GSIM aurait récemment obtenu une rançon record de 43 millions d’euros en échange de la libération, le 29 octobre, d’un membre de la famille régnante Al-Maktoum de Dubaï, enlevé le 23 septembre. "La stratégie de multiplication des enlèvements est double, poursuit Heni Nsaibia. Elle vise aussi à "dissuader les investissements étrangers et la coopération économique avec le régime". Avec un certain succès. Alors que les Chinois ont récemment suspendu leurs opérations de minage, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et l’Italie ont appelé leurs citoyens à quitter le territoire malien début novembre.

Jamais la pression des djihadistes n’a été aussi forte. A tel point que l’hypothèse d’une chute de Bamako aux mains du Groupe de soutien de l’islam et des musulmans et de son chef Iyad Ag Ghali, ennemi public numéro de l’opération Barkhane en son temps et poursuivi depuis 2017 par la CPI pour crimes contre l’humanité et crime de guerre, n’a pas manqué d’être évoquée. Pour autant, l’hypothèse est peu probable à ce stade, selon plusieurs observateurs de la région interrogés par L’Express, faute de capacités militaires ou de gouvernance suffisante. "L’objectif du GSIM est de prendre Bamako, mais ses membres veulent que la junte tombe d’elle-même, poussée par le ras-le-bol des populations", résume Peer de Jong, fondateur de l’institut Themiis. "Aujourd’hui, les djihadistes ne sont pas sur un modèle d’action terroriste dure, mais sur une stratégie de prise de pouvoir lente avec une vision sur le long terme", poursuit l’ancien aide de camp de François Mitterrand et de Jacques Chirac.

Impôt islamique et port du voile obligatoire

En dehors de Bamako, le GSIM tente de gagner en influence et de lisser son image auprès des populations. "Quand ils arrivent dans une localité, ils négocient un accord de non-agression avec les chefs coutumiers", indique un avocat bamakois originaire d’un village du sud, récemment tombé entre leurs mains. Comme des garants d’un ordre social et sécuritaire, "ils essaient de gagner le cœur des Maliens et de se présenter comme une alternative crédible face à une junte et des supplétifs russes qui ont commis d’innombrables exactions", analyse un observateur.

Dans le même temps, le GSIM met en place ses lois et règlements, de gré ou de force, dont l’imposition de la zakat (l’impôt islamique) ou l’obligation de porter le voile pour les femmes. Et le groupe n’hésite pas à exécuter ceux qu’il considère comme non alignés, y compris des civils. Le 6 novembre dernier, une jeune tiktokeuse qui publiait du contenu pro junte sur les réseaux sociaux a été abattue sur la place publique de sa ville, Tonka, dans la région de Tombouctou. "Dès que tu prends parti pour le GSIM ou pour les militaires maliens, tu risques ta vie, regrette notre commerçant, Mohammed. A. Les uns et les autres accusent souvent les civils de trahison avec des conséquences souvent sanglantes."

Coincés entre les exactions et menaces incessantes des deux camps, de nombreux Maliens ont choisi de fuir. Sur le camp de Mbera, dans l’extrême sud-est de la Mauritanie, leur nombre a plus que doublé entre 2023 et 2025, selon l’UNHCR, l’agence onusienne pour les réfugiés, passant de 70 000 à 160 000, et même à plus de 290 000 selon Nouakchott, en comptant les arrivées hors camp. "Depuis le début de l’année, on vivait au rythme des violences de Wagner, témoigne Fatou, arrivée la semaine dernière depuis la ville de Léré, carrefour essentiel vers Bamako. Mais avec le blocus djihadiste, plus rien n’entrait dans la ville, ni carburant, ni nourriture, alors on est partis."

Selon d’autres témoignages, le GSIM aurait donné un ultimatum aux habitants de la localité, qu’ils considèrent comme "acquise aux forces armées maliennes", pour les faire partir. Aux frontières sud du pays, des mouvements de population similaires sont constatés. Le 13 novembre, la Côte d’Ivoire a annoncé un renforcement de la sécurité à sa frontière nord, en réponse à un afflux "inhabituel" de réfugiés maliens. De son côté, la junte malienne, dont la plupart des opposants ont été arrêtés et écroués ces derniers mois, minimise les actions du GSIM, attribuant les blocus à "un désarroi" plutôt qu’à une montée en puissance du groupe terroriste. Jusqu’à présent, Bamako tient, quadrillé par les blindés de l’armée, au détriment du reste du pays, déjà largement rongé par le cancer djihadiste.

© dpa Picture-Alliance via AFP

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© Martial Trezzini/AP

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Par :RFI
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© Denis Balibouse/REUTERS

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© FABRICE COFFRINI / AFP

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