Apple Vision Pro M5 : un casque plus confortable, mais toujours trop cher et trop lourd
Si le MacBook Pro M5 et l'iPad Pro M5 sont de simples mises à jour, le Vision Pro est un petit peu plus qu'un simple speed bump. Déjà, le passage du M2 au M5 n'est pas un simple saut de puces, mais un véritable bond en avant. À défaut de s’attaquer à ses deux plus gros défauts — le prix et le poids —, Apple mise sur un nouveau bandeau censé améliorer le confort. Pari réussi ?

Un bandeau plus lourd, mais plus confortable
C’est le vrai changement du Vision Pro M5 : un nouveau bandeau tissé à double sangle, baptisé Dual Knit Band, qui remplace les deux systèmes d’origine (le Solo Knit Band, élégant, mais peu pratique, et le Dual Loop Band, plus stable, mais rudimentaire).
Le Dual Knit Band combine le meilleur des deux mondes :
- un tissu 3D tricoté, doux, extensible et respirant
- deux arcs distincts, un bandeau arrière qui enveloppe l’occiput et une sangle supérieure qui traverse le sommet du crâne
- une molette mécanique située sur le côté droit, appelée Fit Dial, qui contrôle indépendamment la tension du haut et de l’arrière.
Un simple clic vers l’extérieur active le réglage de la sangle supérieure, un clic vers l’intérieur, celui de la sangle arrière.

Techniquement, Apple a même ajouté un système de contrepoids : à l’intérieur du bandeau arrière, des inserts en tungstène compensent le déséquilibre dû au bloc optique et aux capteurs frontaux. Le tungstène, métal dense et non magnétique, permet d’ajouter du poids exactement là où il faut, sans élargir la structure.
Résultat : le nouvel ensemble pèse environ 140 g de plus que le précédent modèle. Le casque appuie moins sur les pommettes, tire moins sur le nez, et se cale avec une stabilité qu’aucun autre bandeau n’avait atteinte.

Sur ce point, les réactions sont assez unanimes. Chance Miller de 9to5Mac parle d’une « énorme upgrade » : « plus confortable, plus ajustable, plus simple à mettre et à retirer — et surtout sans le moindre velcro ». Dan Moren de Six Colors, n'a pas hésité pour sa part à sortir la balance : le Dual Knit Band pèse 195 g, « environ le poids d’un hamster adulte », plaisante-t-il, contre 49 g pour le Solo Knit et 38 g pour le Dual Loop. Un gain de masse, mais aussi un gain d’ergonomie : « On peut le porter plusieurs heures sans sentir le casque glisser. »
Nicolas Lellouche de Numerama , qui a testé le casque lors d’un vol Paris–San Francisco, note également un net progrès, mais est le moins élogieux de tous : « Après quatre heures, nous avons retiré le casque avec des marques très visibles sur le visage, qui confirment que le produit serre toujours très fort pour bien tenir ». Scott Stein de CNET fait le même constat : un bandeau « plus élégant, plus fonctionnel, mais toujours en lutte avec la masse de l’appareil ». Le casque pèse environ 725 g sans batterie externe, soit 50 % de plus qu’un Meta Quest 3.

La puce M5 : une plus grande fluidité et un meilleur rendu
À l’intérieur, le Vision Pro passe à la vitesse supérieure. La puce M5 remplace la M2, et la différence n’est pas qu’une question de chiffres. Chance Miller évoque une plus grande fluidité : les fenêtres s’empilent sans saccades, les environnements immersifs se chargent sans soupir. « Là où le M2 fatiguait, le M5 suit le tempo. »

Jason Snell, plus mesuré, estime que le gain se joue ailleurs : dans la finesse du rendu. Grâce au M5, Apple a pu agrandir la zone de netteté créée par le foveated rendering — cette technique où le casque ne rend en haute définition que ce que vos yeux regardent. Résultat : 10 % de pixels supplémentaires dans la zone la plus claire de votre regard. Pas spectaculaire, mais perceptible, comme une image qui respire mieux.
Et puisque tout est lié, ce surcroît d’efficacité offre une demi-heure d’autonomie en plus. Trois heures, désormais, pour goûter aux joies de l'informatique spatiale. Un gain d'autonomie confirmée par les testeurs, qui notent également des ventilateurs plus discrets.
Mac Virtual Display : toujours la meilleure fonction du Vision Pro à ce jour
C’est dans le mode Mac Virtual Display que le M5 révèle son vrai talent. « L’expérience la plus fluide et la plus utile du Vision Pro », résumé Miller. La hausse du taux de rafraîchissement (120 Hz contre 100 Hz pour le premier modèle) rend Mac Virtual Display nettement plus fluide qu’avant — le défilement est plus souple, et la réactivité meilleure quand on fait simplement glisser le regard sur l’écran.

Jason Snell confirme : le Vision Pro M5 s’approche de la précision attendue d’un écran Mac. Pas encore une Studio Display, mais déjà une extension crédible de son bureau. Scott Stein, plus pragmatique, parle d’« améliorations subtiles » : l’impression d’un système plus réactif, moins capricieux, mais toujours confiné dans un champ de vision trop étroit.
Dans les meilleurs moments, le casque s’efface : les fenêtres flottent dans l’air, la pièce devient un immense espace de travail. Puis un léger inconfort revient, un rappel que la réalité a encore son mot à dire.
Un casque toujours impressionnant, mais encore loin du compte
Le Vision Pro M5 corrige plusieurs défauts du premier modèle : il est plus fluide, plus stable et un peu plus endurant. Son nouveau bandeau Dual Knit améliore nettement le confort, la puce M5 gomme les ralentissements, et le mode Mac Virtual Display est de plus en plus agréable à utiliser.
Mais ces progrès ne changent pas la nature du produit. Le Vision Pro reste trop lourd, trop encombrant, et surtout trop cher pour un usage quotidien. L’écosystème d’applications stagne, les fonctions de communication ou de création restent limitées, et l’appareil continue de donner la sensation d’un prototype de luxe plutôt que d’un outil abouti.

Oui, le Vision Pro M5 montre une évolution du concept. Mais il ne règle pas ses problèmes fondamentaux : un form factor inadapté au long cours, une autonomie trop courte, et une proposition toujours floue entre gadget de démonstration et ordinateur du futur.
Apple affine son idée d'informatique spatiale, sans encore trouver le bon équilibre entre fascination et utilité. Le M5 rend l’expérience plus agréable, pas plus essentielle.