Sécurité physique, sécurité numérique
Après une nouvelle tentative d’enlèvement, le ministre de l’Intérieur a reçu le 16 mai plusieurs acteurs de la cryptomonnaie pour leur annoncer des « mesures de prévention et de protection immédiate ».
Le 13 mai, la vidéo de la tentative d’enlèvement de la fille d’un entrepreneur de la crypto circulait sur les réseaux sociaux. Des passants avaient porté secours à la jeune femme, alors que trois individus cagoulés sortis d’une camionnette blanche siglée Chronopost tentaient de l’y emmener de force. La femme, son mari et leur fils ont été légèrement blessés.
L’opération n’était que la dernière d’une dizaine de tentatives d’enlèvements en un an, dont le dernier remonte au début du mois. Après trois jours de séquestration, le père d’un acteur des cryptomonnaies avait été libéré par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI). Le mode opératoire, lui aussi, est toujours le même : des enlèvements en pleine rue, suivi de demandes de rançon.
Le 16 mai, le ministre de l’Intérieur a annoncé plusieurs « mesures de prévention et de protection immédiates » aux cadres des cryptomonnaies qu’il a reçus. Le but : « rehausser structurellement le niveau de sécurité des professionnels ».
Consultations de sûreté
D’après Libération, la femme visée dans l’agression du 13 mai et son fils seraient les descendants de Pierre Noizat, PDG et co-fondateur de Paymium, une société d’échange de cryptomonnaies fondée en France en 2011.
« J’ai tenu à redire mon émotion devant la gravité des faits criminels qui ont été commis et ma détermination à mettre fin à ces attaques insupportables qui ciblent les professionnels des cryptoactifs, comme elles s’attaquaient hier aux banques et aux bijouteries », a indiqué Bruno Retailleau à la suite de son entretien avec des acteurs du domaine.
En pratique, il prévoit un accès prioritaire pour ces personnes et leurs proches au 17, le numéro d’appel d’urgence. Des forces de police ou de gendarmerie leur fourniront par ailleurs une « consultation de sûreté de leurs domiciles », et le GIGN, le RAID ou la BRI devraient briefer les personnes les plus exposées.
Désinformation et vulnérabilités numériques
Rien, en revanche, sur deux sujets liés à l’écosystème numérique et portés par les acteurs du secteur eux-mêmes, d’après Libération. Ces derniers aimeraient que des mesures soient prises au sujet de la désinformation relative aux cryptos, qui mène les criminels à croire les transactions en cryptoactifs intraçables, à tort.
Par ailleurs, ils soulignent que pour exercer, les entrepreneurs doivent déclarer un certain nombre d’informations personnelles, ensuite rendues accessibles sur des sites comme societe.com ou pappers.com – auprès du quotidien, un entrepreneur souligne que l’accès aux informations personnelles du fondateur de Paymium prenait « deux clics ».
Auprès des Échos, plusieurs de ses collègues soulignent avoir pris des mesures d’hygiène numérique depuis l’agression d’Owen Simonin, connu sous le nom de « Hasheur », en janvier 2022. Sur LinkedIn, l’entrepreneur Frédéric Montagnon pose ainsi la question : « Combien faudra-t-il encore d’agressions ou de tentatives d’extorsion avant que la loi pour une République numérique (n° 2016 - 1321 du 7 octobre 2016), qui a rendu ces données publiques, soit enfin amendée pour assurer un minimum de protection aux citoyens ? » »
Si le texte a rendu les statuts d’une société facilement accessibles, ils divulguent au passage l’adresse de leurs dirigeants ainsi que celle de leurs proches, si jamais ils ont créé ensemble une société civile immobilière (SCI).