OpenAI, un géant aux pieds d’argile face au retour en force de Google
Longtemps perçue comme intouchable, OpenAI voit aujourd’hui son avance se réduire face à la montée en puissance de Google et d’Anthropic. La sortie de Gemini 3 illustre cette bascule progressive, dans un contexte où les enjeux ne sont plus seulement technologiques, mais aussi économiques et stratégiques.
OpenAI est un géant aux pieds d’argile. La stratégie de Sam Altman ne peut fonctionner que si son organisation fait la course en tête. On se souvient de l’inquiétude qu’avait suscitée l’apparition de DeepSeek lors de sa présentation en janvier dernier.
DeepSeek, la tempête boursière dans un verre de ChatGPT 4o
OpenAI, un leadership sous tension
OpenAI doit à la fois se méfier de la concurrence chinoise et de la concurrence « intérieure ». Dans cette course effrénée à l’intelligence artificielle, Alphabet est sans doute l’un des acteurs les plus discrets. Moins bling-bling que Meta, Google, qui a pu à certains moments apparaître distancé, fait incontestablement partie du trio de tête.
La présentation cette semaine de Gemini 3 donne même l’impression qu’Alphabet fait désormais la course seul en tête. Dans un mémo interne adressé à ses équipes le mois dernier, Sam Altman ne s’en cache pas vraiment. Il reconnaît que les récents progrès de Google dans l’intelligence artificielle pourraient provoquer des « turbulences économiques temporaires » pour son entreprise, avant d’ajouter, avec une pointe d’optimisme, qu’OpenAI en sortira renforcé.
Gemini 3 rebat les cartes
Si la sortie de Gemini 3 a provoqué de nombreuses louanges de la part des observateurs, on ne peut pas en dire autant des dernières mises à jour de ChatGPT, qui ont plutôt déçu. « Nous savons que nous avons du travail à faire, mais nous revenons vite », écrit Altman, tout en prévenant : « l’ambiance risque d’être compliquée pendant un moment ».
Google lance Gemini 3 Pro, qui doit être meilleur que GPT-5, Grok ou Claude
Avec Nano Banana Pro, Google améliore grandement la génération d’images de Gemini
Selon plusieurs développeurs, ce nouveau modèle de Google se distingue par ses capacités en automatisation de tâches liées au design web et produit, mais aussi en génération et en correction de code. Or, ce dernier point est crucial. Le développement logiciel est aujourd’hui l’un des principaux moteurs de revenus pour les acteurs de l’IA générative, OpenAI compris. Chaque amélioration dans ce domaine a donc un impact direct sur les usages professionnels… et les parts de marché.
Sergey Brin in founder mode actually saved Google.
— Yuchen Jin (@Yuchenj_UW) November 23, 2025
He had a big tiff inside Google, because Gemini wasn’t allowed to be used for coding. He told Sundar, “I can’t deal with these people. You have to deal with this.”
Big companies always build bureaucracy. Sergey (and Larry)… pic.twitter.com/MBLRAYRz5T
OpenAI, croissance spectaculaire… mais coûteuse
OpenAI dépense beaucoup d’argent pour bâtir son infrastructure, et reste hautement déficitaire. L’entreprise anticipe de brûler plus de 100 milliards de dollars dans les prochaines années pour développer une IA de niveau humain. Sans parler des centaines de milliards nécessaires pour louer des infrastructures de calcul à très grande échelle. Jusqu’à présent, OpenAI n’a jamais eu de problème à lever de l’argent, car les investisseurs la perçoivent comme la référence en matière d’IA générative. Si cette impression venait à s’estomper, les choses pourraient se compliquer.
Google, de son côté, ne connaît pas tous ces problèmes. La société est rentable, dispose d’une infrastructure solide et maîtrise tous les autres pans de l’intelligence artificielle, à commencer par le hardware. Les récents progrès d’Alphabet ne sont pas passés inaperçus. Alors que les marchés financiers connaissent un mois difficile, avec la crainte d’une explosion de la bulle de l’intelligence artificielle, le cours d’Alphabet flirte avec ses plus hauts historiques. En termes de capitalisation boursière, Alphabet a d’ailleurs récemment dépassé Microsoft et se rapproche petit à petit de Nvidia et d’Apple.
Apple, le choix du pragmatisme et des alliances
Dans ce contexte de rapport de force entre géants, Apple fait figure de cas à part. Si elle apparaît hors jeu, pour le moment, dans la course à l’IA générative pure, sa stratégie n’en reste pas moins intéressante.
Apple miserait sur Gemini pour relancer Siri
Elle peut se targuer, à travers ses multiples partenariats, d’offrir le meilleur de l’IA à ses clients. Lorsque Apple Intelligence est en difficulté, la firme n’hésite pas à recourir aux services de ChatGPT. Pour Siri, Apple a décidé, cette fois, de s’attacher les services de Gemini. L’adage « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » n’a jamais été autant d’actualité à Cupertino.