L'AV1 représente 30 % des vidéos lues sur Netflix (mais probablement pas chez Apple)
Quand vous regardez une vidéo en streaming, vous n'avez probablement aucune idée du codec employé1. Et pourtant, il a de l'importance. Netflix vient d'annoncer, dans un billet de blog, que l'AV1 est utilisé dans environ 30 % des vidéos lues sur le service.

Historiquement, Netflix se repose évidemment sur le H.264, et c'est logique : il est bien pris en charge depuis une vingtaine d'années dans le monde informatique. Mais avec le temps, il a été remplacé par le H.265 (HEVC) et l'AV1. Le code open source a d'abord été employé dans un cas précis chez Netflix : pour les smartphones Android, dès 2020. Le codec AV1 permet de réduire la bande passante à qualité identique et est donc parfait pour de la vidéo en basse définition destinée à des appareils qui ont des abonnements limités sur la quantité de données. Grâce au décodeur dav1d, il est parfaitement possible de se reposer sur un décodage logiciel dans ce cas de figure.
dav1d, le décodeur AV1 le plus optimisé qu'Apple refuse d'utiliser
Netflix a ensuite étendu l'usage de l'AV1 aux téléviseurs (en 2021), aux navigateurs (en 2022) et aux appareils Apple (en 2023). Dans le cas d'Apple, justement, il est possible que Netflix ne vous envoie jamais d'AV1 : la société n'a pas intégré de décodeur logiciel dans ses systèmes d'exploitation (certaines apps peuvent intégrer dav1d) et le décodage matériel n'est apparu qu'avec les puces A17 Pro et M3. Il faut donc un iPhone, un iPad ou un Mac assez récent pour en profiter. Les appareils qui n'ont pas la bonne puce — ce qui inclus tous les modèles d'Apple TV — ne reçoivent pas d'AV1.

Dans le post de blog, la société explique que l'AV1 permet une meilleure qualité d'image (avec des tests normalisés) par rapport au H.264 et au H.265, mais qu'il permet aussi de réduire les interruptions si vous avez une connexion un peu limitée. Le codec est aussi important dans le domaine de l'écologie : il réduit l'usage du réseau et permet d'améliorer l'efficience des serveurs de Netflix. C'est assez simple à comprendre : avec une capacité en sortie fixe (par exemple 10 Gb/s), un serveur peut envoyer plus de flux vidéo en AV1 que de flux en H.264.
Le passage à l'AV1 a aussi permis la mise en place de la norme HDR10+ pour ses contenus et d'optimisations sur la présence du grain dans les vieilles vidéos.
Parfait pour la vidéo en direct
Ils expliquent aussi que l'AV1 est intéressant dans le monde de la diffusion en direct. D'abord pour ses qualités intrinsèques qui permettent de servir plus de clients avec la même bande passante, mais aussi parce que le codec permet plus facilement l'intégration d'images en surimpression que d'autres codecs. Il est possible d'intégrer en amont des choses comme les publicités ou les scores, alors qu'il faut a priori gérer ça du côté du client avec d'autres codecs. C'est aussi une solution efficace pour le cloud gaming.

Enfin, la dernière partie est un tacle implicite pour Apple : 88 % des appareils certifiés Netflix sortis entre 2021 et 2025 prennent en charge l'AV1. C'est-à-dire la majorité du marché… sauf une partie de la gamme Apple actuelle. Si tous les iPhone sont compatibles, ce n'est ni le cas des Mac (le Mac Pro est encore sur une puce M2) ni des iPad. Le modèle le moins cher de la gamme est encore animé par une puce A16, qui ne décode pas matériellement l'AV1. Et il y a bien évidemment l'éléphant au milieu de la pièce quand on parle de Netflix : l'Apple TV et son système sur puce A15. Une absence réellement gênante, tant l'AV1 offre des avantages évidents.
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Sur YouTube, l'option pour le vérifier s'appelle Stats pour les nerds. ↩︎